La voiture 2.0 : les constructeurs n’existeront plus

Par:
francoistonic

mer, 04/12/2013 - 10:42

On parle de l’évolution des voitures : énergie, efficacité des moteurs, recyclages, confort de conduite, prix, etc. Dans le magazine Programmez ! n°170, nous évoquons la révolution automobile qui arrive, notamment avec une nouvelle race de constructeurs, comme Tesla et surtout l’arrivée des géants technologiques tels que Google ou Apple. Et si on poussait la réflexion jusqu’au bout ? 

L’arrivée des voitures de type Google Car ou des technologies Apple (pour ne citer qu'elles), marque un tournant peut être crucial dans l’industrie automobile telle que nous la connaissons depuis plus d’un siècle. Et peu de gens voient réellement ce qui se cache derrière. 

Notre réflexion reprend ce que nous avons vécu avec le téléphone et l’iPhone, la musique et l’iPad ou encore, plus récemment, la tablette numérique et surtout l’impression 3D. 

Avons-nous réellement besoin des constructeurs automobiles pour faire des voitures ? La réponse est « oui ». Cependant, cette fonction de construction n’est finalement que secondaire dans notre perspective.

Imaginez la voiture comme un ordinateur, un smartphone. Elle serait en réalité penser et construite autour de différentes technologies. 

Aujourd’hui, un éditeur logiciel, un constructeur informatique ne possède pas les compétences techniques, ni les usines pour créer et assembler une voiture. Ces sociétés possèdent les finances nécessaires pour racheter quasiment n’importe quel constructeur. Elles ont les services de R&D pour imager les systèmes et services pour la voiture, elles peuvent créer des marchés, créer un écosystème, interagir avec les terminaux existants. Le constructeur automobile maîtrise mal ou peu ces technologies et passent souvent par ces sociétés technologiques. Et surtout, il a souvent un problème financier. Car, la rentabilité d’un modèle n’est pas garantie, excepté les productions spécifiques et de luxes. 

Les géants technologiques vont investir de plus en plus dans des domaines annexes (maisons, la vie quotidienne), les objets connectés, etc. La voiture n’est finalement que le prolongement naturel de leur marché. Et pour nous, il existe une logique technologique et pratique à ce que ces sociétés technologiques rachètent ou remplacent purement et simplement les constructeurs automobiles. Nous avons parfaitement conscience que cela ne se fera pas immédiatement, si cela se réalise un jour, car il faut intégrer des métiers et des techniques très différentes de l’informatique et de la technologie. Mais justement, les sociétés technologiques sont à même de concevoir de nouveaux principes de fonctionnements, d’énergies, de comportements et d’usages de la voiture.

Au-delà, un écosystème complet se créera autour de la voiture Apple, Google, etc. Tesla a montré le chemin, tout comme, dans une moindre mesure, le groupe Bolloré. Changer la batterie est une chose mais ce sont tous les composants que l’on pourrait changer soi-même ou personnaliser à l’extrême. La voiture sera alors un « Lego » géant (comme les bumpers personnalisés des mobiles). Surtout, l’utilisateur (nous disons l’utilisateur et non le conducteur) pourra accéder aux informations, mieux contrôler son matériel. L’interaction homme-machine prendrait alors tout son sens. Il serait à même de faire un diagnostic de la voiture. Des « garages » seront ouverts par la marque technologique et un réseau certifié sera créé. On pourra acheter sa voiture personnalisée dans un App Store par exemple, selon ses goûts, ses habitudes, le logiciel de « conception » sera capable d’analyser toutes les données de l’utilisateur. 

Comme sur un téléphone, un ordinateur, la mise à jour du système apporta de nouvelles fonctions, des applications. Un des obstacles est le fonctionnement en temps réel des systèmes et sa fiabilité.

Nous pensons que les sociétés technologiques ont vocation à sortir de plus en plus de leurs domaines primaires et de s’étendre dans l’ensemble des activités, de la vie, et de la société en général. Des auteurs de SF et d’anticipations l’ont écrit il y a plusieurs dizaines d’années. L’automobile ne fera pas exception mais pas avant 10, 20 ans, et selon les pays.

Mais cette voiture 2.0 pose de nombreuses questions :

  • - remise en cause radicale du modèle économique actuel
  • - quel avenir pour les constructeurs ?
  • - rupture totale avec l’économie fossile, et question sur l’énergie de propulsion à utiliser
  • - réaction des autorités et des conducteurs
  • - fracture technologique entre les pays et dans la population
  • - impact sur l’emploi et donc sur l’ensemble de la société des pays
  • - quid des garagistes, revendeurs et stations services ?

(liste non exhaustive)

« les constructeurs n’existeront plus », le titre de départ est provocateur et violent. Mais si nous regardons les évolutions actuelles et les promesses qu’elles portent, cette fiction n’est peut être pas aussi absurde qu’elle n’y paraît. Il est certain que le constructeur automobile va devoir se réinventer totalement dans les 15 – 20 ans. Nous pouvons faire la même remarque pour les pétroliers qui cherchent et chercherons de nouveaux marchés pour continuer à prospérer. Ils influenceront encore longtemps sans doute le marché automobile.

François Tonic