Faut-il externaliser le mainframe ? Avantages et pièges à éviter

Par :
Véronique Dufour-Thery

lun, 02/12/2013 - 14:24

Le mainframe occupe toujours une place importante au cœur des environnements informatiques professionnels et ce, malgré toutes les prévisions pessimistes qui avaient remis son avenir en question. Si le mainframe apparaît aujourd'hui comme un élément incontournable, il pose toutefois un certain nombre de problématiques aux fournisseurs spécialisés.  L'arrivée des équipements mobiles et la multiplication des applications orientées client, ont renforcé la complexité de l'environnement applicatif. Les budgets de plus en plus serrés et la raréfaction des compétences, font du mainframe une spécialité coûteuse. Tous ces facteurs poussent beaucoup d'entreprises à externaliser leur système. Par Véronique Dufour-Thery, South Europe Regional Director pour Compuware Mainframe

Une étude récente réalisée par Compuware auprès de 500 DSI du monde entier, révèle que pour 76% des entreprises interrogées, le principal intérêt de cette démarche est la réduction des coûts. Il est aussi essentiel de dire que les départs à la retraite, ou le changement d'orientation des spécialistes du développement mainframe ont entraîné un sérieux déficit de compétences. Pour combler ces lacunes, de nombreuses entreprises se tournent vers un prestataire. 68% d'entre elles ont choisi cette externalisation car leurs équipes internes ne disposent plus des compétences nécessaires pour développer et tester correctement les applications mainframe.

Si l'externalisation est une solution intéressante pour gérer la complexité inhérente au développement et à la maintenance du mainframe, elle peut malgré tout générer de nouveaux problèmes, se traduisant par des coûts cachés et des applications de qualité médiocre.

Contrôle de la consommation CPU

Si la réduction des coûts constitue un argument clé en faveur de l'externalisation du mainframe, 71% des DSI déplorent les coûts cachés de cette démarche. La consommation CPU constitue la principale source de dépenses. En moyenne, cette consommation augmente de 21% par an, avec 40% des entreprises la jugeant de plus en plus difficile à maîtriser.

Il faut dire que le mainframe doit désormais exécuter des tâches de plus en plus complexes. 62% des entreprises l'utilisent pour gérer des applications externes (services bancaires en ligne, par exemple) et 68 % pensent que l'explosion des applications mobiles va encore augmenter la consommation MIPS. Et ce n'est pas tout : 57% des DSI estiment que leurs sous-traitants ne se préoccupent pas de l'efficacité des applications qu'ils programment et proposent un codage inadapté, favorisant là encore une hausse de la consommation MIPS. Parmi les entreprises faisant appel à des structures payantes basées sur la consommation CPU, elles sont 88% à suspecter leurs sous-traitants de ne pas gérer efficacement leurs coûts CPU.

Avec des processus et solutions adaptés, il est toutefois possible de maîtriser et de réduire la consommation MIPS. Tout d'abord, l'accès à des fonctionnalités de mesure permettant de définir une « baseline » peut aider à comparer les performances d'un code nouveau ou modifié soumis par un sous-traitant et à pouvoir ainsi rapidement identifier les inefficacités de l'application.

Les entreprises peuvent également fournir des recommandations exploitables par les sous-traitants pour favoriser et contrôler leur avancement  sur la correction de ces inefficacités et accélérer le processus de résolution. Par ailleurs, les entreprises qui externalisent leur infrastructure peuvent faire appel à des fonctions de «suivi des performances» pour détecter les inefficacités au niveau de la production et guider de manière proactive leur sous-traitant en vue d'améliorer les performances applicatives. Cette démarche est d'autant plus importante pour les entreprises ayant un contrat de sous-traitance basé sur la consommation CPU.

Qualité médiocre, coûts élevés

Les défaillances au niveau du transfert des connaissances peuvent elles aussi engendrer des coûts cachés et avoir un impact négatif sur la qualité et les performances. 37% des personnes interrogées déclarent ne pas disposer d'une documentation complète sur les applications existantes, ce qui ne facilite pas le transfert des connaissances. Résultat : 80% d'entre elles sont convaincues que ces difficultés de transfert ont des répercussions sur la qualité des projets externalisés.

L'incapacité à offrir des applications de qualité, constitue une source de stress supplémentaire pour les services informatiques. En effet, ces derniers sont contraints de détourner leur attention et leurs ressources des projets planifiés pour rectifier ces faiblesses. Près de 54% des entreprises ont dû accroître leurs investissements concernant les tests de performance et la résolution des problèmes. 51% ont dû augmenter leurs ressources dans leurs équipes d'assurance-qualité pour pallier le manque de résultats.

Par ailleurs, 47% d'entre elles constatent que le code applicatif fourni par un sous-traitant contient davantage d'erreurs et de bugs que ce même code développé en interne. Ces soucis obligent les entreprises à consacrer plus de ressources  aux projet s pour résoudre ces anomalies.

Pour améliorer le test des applications, les entreprises doivent pouvoir impérativement communiquer des données de qualité à leurs sous-traitants afin qu'ils puissent modifier le code comme il convient. De la même façon, la demande de rapports de test sur le nouveau code demande un maximum de précision et d'implication de la part des sous-traitants. Lors des tests de performances en interne, ces données peuvent également éviter bien des problèmes de qualité avant la mise en production de l'application.

Pérennisation du mainframe

Face à la multiplication des coûts cachés et des problèmes de qualité et de performances liés aux applications mainframe externalisées, les entreprises doivent donc prendre des mesures efficaces pour conserver leur avantage concurrentiel et garantir la satisfaction de leurs clients. Si la sous-traitance peut les aider à réduire leurs coûts et à pallier leur manque de compétences, elle ne doit pas être considérée comme la solution miracle à tous leurs problèmes. Pour en tirer pleinement parti, elles doivent agir de manière proactive, en s'assurant que leurs projets sont correctement gérés et supervisés.  La qualité et les performances n'en seront que meilleures, les coûts diminueront, et leurs partenariats seront plus productifs.

Véronique Dufour-Thery, South Europe Regional Director pour Compuware Mainframe

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