mer, 19/11/2014 - 12:26
Il faut de tout pour un faire un monde. Les meilleures tables disposent d’un chef et d’un chef pâtissier. Les chantiers de construction comptent des plombiers, des électriciens et des maçons. Pour les projets web c’est pareil. Des designers aux communicants en passant par les professionnels du référencement ou les experts de la gestion de contenu, tous devraient être partie-prenante dans la construction d’un site web. Quelle que soit la nature de ce dernier (e-commerce, média, institutionnel, etc.)
Problème : les équipes qui remportent les projets (agences de communication, prestataires techniques, etc.) ont tendance à endosser ces différents rôles… tout en les minimisant. Car inconsciemment ou non, elles entendent légitimer leur statut d’interlocuteur unique. Et si elles font bien intervenir différents sous-traitants, elles négligent leurs recommandations et leurs mises en garde, les reléguant à un simple rôle d’exécutant.
Anticiper les évolutions technologiques du site
Cette situation est dangereuse. Elle conduit à un nombre incalculable de sites bloqués, bridés, trop éloignés des besoins terrain. Parmi les dérives courantes, celle de passer à côté des opportunités techniques. C’est le cas lorsque les agences de communication estiment répondre au cahier des charges présent, sans se soucier de l’évolutivité du site. Une évolutivité conditionnée par des choix technologiques à réaliser dès la phase étude du projet.
Les dommages causés par cette ignorance de la technique touchent tous les aspects du site. Le multilinguisme par exemple. Trop d’équipes projets réalisent après coup qu’il ne suffit pas de cocher une case pour passer d’une langue à l’autre. Au-delà même des contenus à produire, cette opération requiert une mise en correspondance des champs dans le back office du site. Complexe, ce "matching" doit être pensé à l’avance.
Et combien de responsables de sites réalisent trop tard que leur portail n’a pas été conçu pour soutenir des pics de charge ? Combien d’autres constatent, amers, qu’il est impossible de modifier les menus du site, sauf à se lancer dans un projet de développement ? De telles déconvenues sont légions, et pourtant largement évitables avec un minimum de réflexions amont sur la technologie.
Penser sa stratégie web analytics dès le départ
A noter que ces compétences liées à l’infrastructure ne sont pas uniquement là pour garantir la bonne évolutivité du site. Elles participent également à l’élaboration des futurs modes de consultation des utilisateurs. Impossible en effet de s’ouvrir à une personnalisation des contenus – un des sujets chauds du moment - si l’on n’a pas conscience des nouvelles fonctions analytiques proposées par les moteurs de génération de page. Lesquelles permettent de pousser des contenus et des menus spécifiques à un lecteur en fonction de ses goûts, des pages qu’il consulte ou de son mode de navigation.
Il faut bien comprendre que l’ensemble des opportunités techniques ne sert au final qu’un but : améliorer le contexte d’utilisation du site. Un contexte qui dépend des « devices » sur lequel il va être consulté, de l’état d’esprit de l’utilisateur, du temps de navigation dont il dispose, de son confort de navigation et enfin de l’environnement technique sur lequel va s’appuyer le site. Pour chacun de ces éléments, la technologie a son mot à dire et des fonctions à faire valoir.
S’ouvrir aux autres métiers
Reste que la technique n’est pas la seule discipline à être aujourd’hui sous-représentées lors des pilotages de projets web. D’autres spécialités gagneraient également à être présentes autour de la table : le community management, le graphisme, l’hébergement, le référencement, etc. Prenons les aspects juridiques ou symptomatiques. Le droit lié à la protection des données du site est de moins en moins adressé lors des projets web. Et ce alors que cette thématique est d’actualité, notamment avec le piratage et le vol de données. A qui appartiennent les photos, peut-on réutiliser les données ? Sous quelles conditions ? Autant de questions qui restent en suspens dans la plupart des « mentions légales ».
On l’aura compris : plus question de cacher les sous-traitants. Si la présence d’un chef d’orchestre reste indispensable, chacun des experts doit apporter sa pierre à l’édifice et être visible par le client final. C’est à plusieurs qu’on challenge le commanditaire, qu’on éprouve le projet et qu’on se préserve d’éventuelles complications.
La condition de réussite d’un tel modèle ? Que l’équipe coordinatrice, quelle que soit sa nature, ait suffisamment de sensibilité et d’ouverture sur les autres métiers. Sans quoi on retombera dans les travers actuels où une discipline tend à étouffer les autres. Au détriment du site et de ses utilisateurs…
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