Interview : Le mainframe a toujours de l’avenir

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François Tonic

Questions – réponses avec April Hickel, Vice President, Intelligent Z Optimization and Transformation chez BMC.

IBM a dévoilé son nouveau système Z. Le marché apparaît toujours cyclique selon l’actualité d’IBM, est-ce toujours le cas ?

Le mainframe IBM Z a une incidence positive sur le marché. Chaque nouvelle génération apporte son lot d’innovations, comme ce fut le cas avec l’intégration d’un moteur d’IA au z16. Il existe toutefois d’autres facteurs déterminants d’évolution du marché. À titre d’exemple, le conflit en Ukraine a conduit les banques européennes à mettre en place des mesures de cybersécurité, en réponse aux menaces croissantes en la matière. La transformation numérique, en particulier dans le contexte de pandémie mondiale, a quant à elle accéléré le délai dont les entreprises disposent pour s’adapter à l’évolution rapide des comportements d’achat de leurs clients.

Nous avons l’impression que l’on parle plus des nouvelles technologies et architectures sur systèmes Z que de Cobol. Pourtant, Cobol reste au cœur du mainframe, non ?

COBOL est un composant essentiel de la plateforme mainframe. Des milliards de lignes de code COBOL ont un impact sur notre vie de tous les jours, de l’utilisation d’une carte de crédit à la souscription de n’importe quel type d’assurance, en passant par la réservation de billetsd’avion pour des vacances en famille. Nous ne pourrions pas opérer efficacement au quotidien sans les mainframes et les applications COBOL associées.  

BMC a racheté Compuware, éditeur bien connu du monde mainframe / cobol. Pourquoi ce rachat pour un éditeur comme BMC ?

Nous pensons que chaque organisation est appelée à opérer son virage digital. La transformation numérique renforce la nécessité d’un déploiement plus rapide de nouvelles applications logicielles. L’ajout du portefeuille Compuware permet à BMC de proposer une gamme d’outils DevOps pour le mainframe, afin que les clients puissent accélérer le développement de nouvelles applications de qualité supérieure.

BMC s’engage à aider ses clients à innover et à se développer grâce au portefeuille BMC Automated Mainframe Intelligence (AMI), qui offre un mainframe sécurisé, résilient et optimisé.

Comment voyez-vous le marché et les tendances ?

Les silos entre le mainframe et les environnements distribués se sont estompés. Aujourd’hui, les décisions IT sont motivées par des initiatives commerciales, et non par le choix de technologies spécifiques. La communauté mainframe s’inscrit dans cette tendance, en adoptant des méthodes telles que le DevOps pour accroître la vitesse et la qualité des applications métiers critiques. Une autre tendance concerne la sensibilisation accrue aux menaces de cybersécurité et aux mesures visant à atténuer ces menaces. Les mainframes étaient autrefois considérés comme des forteresses impénétrables. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Il y a 20 ans, on parlait de web to host pour «moderniser» le frontal vert. Aujourd’hui on parle de replatforming, de transformation. Mais finalement, n’est-ce pas un peu la même chose ?

Ce n’est pas la même chose. Voyez ces mots comme un continuum d’options. Moderniser, c’est bien plus que de créer un écran vert. Il s’agit d’offrir une expérience supérieure aux employés et aux clients. Et cela revient à trouver la meilleure technologie pour l’objectif recherché. Dans certains cas, la modernisation consiste à remplacer une application personnalisée par une application standard. Dans d’autres cas, elle débouche sur une application hybride, dont les différentes parties fonctionnent sur différentes plateformes, y compris le cloud.

Le replatforming est également appelé « lift and shift ». Il s’agit du processus de transfert d’une application d’une plateforme technologique (dans ce cas, un mainframe) vers une autre plateforme technologique. L’idée est de conserver la logique de l’application intacte avec un minimum de changements. Les outils automatisés peuvent être utiles à cet égard, mais ils ne conviennent pas à tout le monde.

Alors que la modernisation est souvent abordée en termes de changement évolutif, la transformation fait référence à un changement révolutionnaire.

Récemment, AWS a annoncé un service cloud pour migrer des assets mainframe / cobol sur des instances AWS. Comment voyez-vous cette annonce, même si cela fait plusieurs années que l’on observe des annonces autour de la virtualisation de Cobol / de services mainframe et l’arrivée du cloud ? 

De nombreuses avancées passionnantes émergent dans l’environnement informatique hybride, qui combine les mainframes et le cloud dans une plateforme technologique fluide. L’annonce d’AWS fait évoluer le modèle d’informatique hybride. Nous ne vivons plus dans un monde à taille unique. Il est bon de voir qu’il existe de nombreux choix.

La pénurie de compétences Cobol n’est pas nouvelle. Quel est votre sentiment sur cette question cruciale pour les entreprises ayant du mainframe ?

Pour les entreprises spécialisées dans les mainframes, la priorité absolue est de fournir une expérience de développement qui soit familière à la prochaine génération de développeurs de logiciels. En bénéficiant d’une meilleure expérience, les développeurs deviennent plus rapidement productifs dans la programmation COBOL, sans avoir à se familiariser avec des outils de développement peu conviviaux. BMC propose une gamme complète d’outils DevOps qui facilite l’intégration rapide des nouveaux développeurs COBOL.

BMC procure des expériences de développement familières et intégrées qui permettent aux développeurs novices en COBOL d’atteindre rapidement un bon niveau de productivité. Associées à une conception et à un déploiement automatisé, elles permettent de bénéficier des avantages de l’intégration et de la livraison continues pour les applications COBOL dédié au mainframe.