
IBM a sorti son Z16 il y a quelques semaines. Une des grosses nouveautés est le processeur Telum. Les nouveaux processeurs sont mis en avant. Quels en sont les principaux avantages ?
Les avantages de cette nouvelle génération d’IBM zSystems sont importants.En premier lieu, on pense évidemment au nouveau processeur « Telum » qui, avec sa très importante finesse de gravure (7nm), a permis de réaliser une grande amélioration dans plusieurs axes.Ainsi, l’ajout d’un accélérateur d’intelligence artificielle sur chaque processeur de nos serveurs, donnant la possibilité d’exécuter une inférence au sein de chacune des millions de transactions journalières réalisables sur cette infrastructure !D’un point de vue matériel encore, nous avons doublé les structures de caches de nos processeurs, afin d’améliorer significativement les performances pour les applications critiques de nos clients.
Nos serveurs IBM zSystems hébergent une immense majorité des systèmes et applications critiques de nos clients, que cela soit dans l’industrie, la banque, l’assurance, ou encore la grande distribution et les services publics. Il n’est pas possible qu’une nouvelle génération de nos serveurs n’intègre pas des solutions améliorant la sécurité ou la résilience de la plateforme.
Le z16 est dans cette optique, avec l’ajout de deux dispositifs particulièrement importants :
- La capacité à intégrer dès maintenant les algorithmes résistant à une attaque via un ordinateur quantique (Quantum Safe, algorithmes validés par le NIST en juillet 2022, parmi lesquels 3 d’entre eux sont nés d’une collaboration incluant les laboratoires IBM : https://research.ibm.com/blog/nist-quantum-safe-protocols). Cela se fait au travers des technologies matérielles d’accélération des algorithmes de chiffrement (CPACF), et de stockage des clefs (HSM), qui sont tous les deux certifiés via les critères communs reconnus par le NIST, le BSI, ou encore l’ANSSI.
- Une capacité flexible, afin de pouvoir permettre à nos clients d’exécuter leurs applications critiques dans plusieurs datacenters, afin de répondre aux besoins de résilience, et aux réglementations associées.
Enfin, la pression réglementaire sur nos clients se faisant de plus en plus forte, les besoins en termes d’audit et d’accompagnement à la justification sont eux aussi en train de croître.
Pour accompagner et aider nos clients, nous fournissons une solution de « reporting automatisée de la compliance » via l’outil IBM Security Compliance Center.
L’objectif est de permettre aux ingénieurs systèmes de fournir simplement, et facilement, des rapports sur les différents points de surveillance et de durcissement de leur réglementation.
En résumé donc : Performance, Intelligence Artificielle, Résilience, « Quantum Safe », et Aide à la « compliance » !
Depuis plusieurs générations, les systèmes Z s’ouvrent à de nombreuses technologies : Open Source, Linux, cloud computing, langages modernes. Cette ouverture est-elle un argument pour que les entreprises gardent leurs Z ?
Tout d’abord, et je pense qu’il ne faut pas l’oublier, nous ne voyons pas de décroissance de notre base installée Mainframe. Au contraire, sur les 10 dernières années, c’est une croissance de 350% de notre plateforme que nous voyons !Maintenant, pour répondre à votre question : Oui !
L’ouverture de la plateforme Mainframe est une des raisons de cette croissance sur la plateforme.
Nouveaux clients, nouvelles applications, refonte des applications historiques, modernisation des applications hébergées sur la plateforme, modernisation des méthodes d’accès, et même nouveaux modèles de facturation, tout cela participe à la transformation de la plateforme, de son écosystème, et à cette croissance.
On parle beaucoup de replatforming, de migration notamment en utilisant des services cloud pour remplacer une partie du mainframe. Comment IBM voit-il ces offres ?
La question est : quelle valeur pour nos clients et pour les lignes métiers ?Les projets de replatforming que nous observons sur le marché permettent à nos clients de se rendre compte qu’il n’y a pas la promesse d’économie, que le coût de la transformation est beaucoup plus important que prévu, et que surtout, pendant toute la durée de la transformation, le gel applicatif, l’impact sur la cohérence de la donnée, et les problèmes de résilience sont nombreux.Tout cela pour arriver, parce que c’est le principe même du replatforming, sur une cible qui n’a pas évoluée d’un point de vue applicatif.La plateforme Mainframe est moderne. Le code de nos clients pas toujours.
C’est pour cela qu’IBM considère qu’il est nécessaire de mener des programmes de transformation et de modernisation des applications, et non une approche « lift and shift » sans valeur applicative.
Ainsi, nous avons annoncé une approche et des modèles de modernisation, approche non dogmatique souscrite par un grand nombre d’intégrateurs, ou de fournisseurs de services clouds. https://www.ibm.com/fr-fr/products/z-and-cloud-modernization-stack
Finalement, il est impensable de migrer et de réécrire des milliards de lignes de code qui tournent parfois depuis 30 ans. Est-ce difficile de concilier patrimoine et nouvelles technologies (outils, langages, usages) ?
L’ouverture de la plateforme Mainframe permet assez facilement de concilier le patrimoine, et les nouvelles technologies.C’est d’ailleurs un des axes de transformation et de modernisation de la plateforme, dans lequel les technologies OpenSource ou Red Hat nous aident fortement.
Aujourd’hui, Git, Jenkins, Artifactory ou encore VS Code sont des logiciels utilisables pour développer, et moderniser du code Cobol. Plus besoins de frameworks spécialisés !
OpenShift, ou Kubernetes, sont disponibles sur la plateforme Mainframe, que cela soit via LinuxONE (offre dédiée aux services Linux et Container), ou via z/OS Container Extension, un logiciel IBM qui permet de faire tourner dans une partition du patrimoine z/OS, des applicatifs conteneurisés !
Cette approche est validée par nos clients et partenaires, et nous permet ainsi de voir l’évolution de notre plateforme comme un « Cloud in a Box ». Le Z, c’est une plateforme de cloud privé comme les autres !
Les compétences cobol / mainframe ne sont pas toujours facile à trouver. Que met en place IBM ?
IBM a écouté le marché, et a travaillé sur des initiatives autour des compétences Cobol et Mainframe.Au niveau global, nous avons un programme « zTalent » qui a eu un impact très important :
- des nouveaux développeurs et étudiants engagés
- des lycées, et universités engagés
- des certificats émis « z/OS Practitioner» et « COBOL »
- des nouveaux membres dans la communauté zSystems Professional
En France, IBM a lancé et travaille avec de nombreux partenaires sur des Académies IBM zSystems, que cela soit pour des profils d’ingénieurs systèmes, ou développeurs Cobol.
Et de nombreux partenaires ont lancé leurs propres académies, pour travailler directement avec nos clients, et ainsi assurer le renouvellement des compétences sur la plateforme.
63 ans après son apparition, le mainframe est toujours là. Comment voyez-vous l’avenir et les évolutions possibles ?
IBM est engagé, et compte maintenir son engagement dans la plateforme Mainframe.
Notre président Arvind Krishna l’a annoncé jeudi, le plan d’investissement de 20 milliards de dollars d’IBM dans la vallée de l’Hudson inclut la plateforme Mainframe, et en particulier autour de notre site de recherche, développement, et création de nos serveurs Mainframe situé à Poughkeepsie.
Le mainframe est stratégique pour nos clients. Les applications hébergées sur cette plateforme sont critiques et stratégiques pour nos clients, et pour l’économie.
IBM est conscient de cette criticité, et nous maintenons notre engagement envers la plateforme.