Fairphone 3, le téléphone modulaire et réparable : réalité ou simple promesse ?

Par:
ftonic

mar, 03/09/2019 - 15:54

Nous avons eu l’occasion de prendre en main la dernière itération, le Fairphone 3, sorti il y a quelques jours.

Commençons tout d’abord, par le classique, les spécifications :

- Système : Android 9

- SoC : Snapdragon 632 avec 4 Go de RAM

- 64 Go de stockage par défaut + port SD pour du stockage supplémentaire

- 2 logements SIM

- Batterie 3000 mAh

- Écran full HD 5,7 pouces

- Connecteur USB-C

- Lecteur d’empreinte

- Prise mini-jack pour l’audio

- Finition noire

Côté utilisation, le Fairphone 3 ne diffère pas d’un autre smartphone. La prise en main est bonne, pas trop lourd, un écran amplement suffisant. La robe noire est réussie. L’écran LCD est honnête, inutile ici, de vouloir chercher la comparaison avec les OLED et AMOLED. Le constructeur a tout de même choisi un SoC relativement ancien (dans le monde mobile). On peut sentir ça et là des latences dans la réactivité, mais rien d’handicapant. Le Fairphone positionne plutôt au milieu de gamme, entrée de gamme supérieure et pour des usages courants, hors jeux 3D. 

Ce qui nous intéresse ici c’est son argument modulaire et sa capacité à être réparé par l’utilisateur. Ces promesses de départ sont plutôt excitantes : facilité d’ouverture, accès aux composants internes, possibilité de changer des modules, batterie amovible.

Effectivement, on retire facilement la coque arrière. Le smartphone se compose de deux éléments : le bloc écran et le bloc arrière. Il suffit de retirer les vis avec un petit tournevis (fourni). L’opération ne prend que quelques minutes. On retire la batterie et on écarte (délicatement) les deux blocs. La connexion se fait par un gros connecteur. 

Les modules se situent sur la coque arrière. Là encore, il suffit de retirer les vis, de déconnecter le câble (là encore délicatement). C’est tout. Pour remonter, on fait la démarche inverse. Attention : ne forcez pas quand vous remettez le connecteur de la nappe. Vous risquerez de tordre le cerclage métallique, autour du connecteur. Celui-ci est assez fragile. 

Les modules que l’on peut changer sont : la caméra, le haut-parleur, module inférieur (contenant le moteur haptique, le connecteur USB-C, le microphone), le module supérieur (incluant la caméra frontale et divers capteurs). Et c’est tout. Par exemple, le bloc SIM + SD reste solidaire de la coque.

Une question naïve vient immédiatement en tête : peut-on utiliser des modules d’une version 1 ou 2 dans le Fairphone 3 et inversement ? La réponse est non : il n’y a pas de rétrocompatibilité. Ce qui est décevant même si cela peut se comprendre par l’aspect technique. Les modules du 3 différent par l’agencement des composants et la forme même des modules… 

Le Fairphone serait particulièrement intéressant si la compatibilité des modules d’une itération à une autre était assurée et réelle. Pour nous, c’est l’avantage d’une approche modulaire. Et c’est la différence entre la notion de réparable et d’évolutivité. Aujourd’hui, Fairphone répond plutôt bien à la première idée, mais pas à la seconde. Espérons que les futurs modules seront compatibles avec la version 3 et donneront accès à de nouveaux fonctionnalités. Si un Fairphone 4 sort, la rétrocompatibilité sera attendue. 

Fairphone 3 est-il open source ? Le firmware est open source et disponible sur github. Cette version est dépourvue des services Google. Par contre, il n’est pas open hardware. Et c’est peut-être là un défaut non négligeable pour l’avenir. L’ouverture du matériel pourrait inciter la communauté et des constructeurs à créer de nouveaux modules, imaginer d’autres usages. Est-ce que le constructeur osera franchir ce Rubicon ?

Aujourd’hui, Fairphone communique beaucoup sur une filière durable des métaux et terres rares utilisés dans les smartphones. C’est un véritable défi : comment utiliser des métaux recyclés tels que l’or, le cobalt, l’étain, le lithium ? Le traitement des déchets électroniques est un défi colossal, loin d’être efficace. Le constructeur veut que 40 % de 8 matériaux proviennent des filières durables / équitables.

Fairphone 3 est vendu 450 €, expédition à partir de mi-octobre. 

Les modules sont vendus à partir de 19,95 €. Le module caméra est vendu 49,95 €, l’écran, 89,95 €. La question se pose sur les tarifs des modules  : trop cher ou bon marché ? Nous sommes partagés. Pour être réellement attractif, des tarifs un peu moins élevés auraient été un argument. L’avantage est que l’on peut changer soi-même des composants sans risquer de casser une coque ou de mal remonter le téléphone. Fairphone est un petit constructeur par rapport à Samsung ou Oppo. 

Nous remercions les rédactions de Les Numériques et de ZDNet. 

Présentation plus complète dans Programmez! n° 233 à paraître fin septembre. 

Les +

Concept modulaire

Smartphone adapté aux usages courants

Batterie amovible

Facilité d’ouverture

Les –

Pas open hardware

Ergonomie sur certains éléments

Pointe du tournevis trop grosse

Modularité limitée