Google accusée de collusion avec Facebook et de mentir sur les pages AMP

Par:
fredericmazue

jeu, 17/12/2020 - 15:13

Google est décidément de plus en plus dans le collimateur des autorités pour pratiques anticoncurrentielles, notamment sur le marché de la publicité en ligne.

Cette fois, c'est le procureur général du Texas Ken Paxton qui a déposée une plainte de 130 pages au nom d'une coalition de 10 Etats. la plainte porte sur le rôle de Google dans l'achat et la vente d'annonces en ligne.

Le document de la plainte ne mâche pas ses mots : Les documents internes de Google démentent l'image des ingénieurs brillants qui s'amusent sur leur campus ensoleillé de Mountain View tout en essayant de rendre le monde meilleur. Au contraire, pour consolider sa domination sur le marché de la publicité en ligne, Google a violé de manière répétée et effrontée les lois antitrust et de protection des consommateurs.

Il y a de nombreuses accusations dans ce document, dont une collusion avec Facebook Google est un monopole de mille milliards de dollars qui abuse effrontément de son pouvoir monopolistique, allant jusqu'à inciter les cadres supérieurs de Facebook à accepter un schéma contractuel qui sape le cœur du processus concurrentiel. Dans ce monopole publicitaire sur le marché électronique, Google fait essentiellement du commerce sur des "informations d'initiés" en agissant à la fois comme lanceur, receveur, batteur et arbitre. (Ken Paxton doit aimer le base-ball :-)

Ce n'est pas la première fois que Google est sur la sellette de cette manière. mais ce que les responsables de sites Internet trouveront particulièrement intéressant, est que Google est accusée de mentir sur sa technologie AMP, qui au départ a été conçue (c'est du moins ce de prétendait Google) pour accélérer le chargement des pages web sur les terminaux mobiles.

Voici des extraits de ce que dit la plaine à ce sujet, sachant que le header bidding est un processus de gestion publicitaire qui permet aux éditeurs d'offrir aux enchères des impressions publicitaires digitales et de mettre les acheteurs potentiels en concurrence.  (Visiblement Tex Paxton n'aime pas que le base-ball. Il a des connaissances en informatique :-) :

Google a finalement commencé à utiliser son pouvoir de monopole sur le marché de la recherche pour inciter fortement les éditeurs et les annonceurs à cesser d'utiliser le header biding et à réacheminer les échanges via le serveur publicitaire de Google. Le header bidding n'est possible que si les éditeurs peuvent insérer du code JavaScript dans la section d'en-tête de leurs pages Web. Pour répondre à la menace sur son header bidding, Google a créé Accelerated Mobile Pages ("AMP"), un cadre de développement de pages Web mobiles, et a rendu AMP essentiellement incompatible avec JavaScript et le header bidding.

Bien que Google affirme que AMP a été développé en tant que collaboration open-source, AMP est en fait une initiative contrôlée par Google. [...] Les employés 'ad server' de Google ont rencontré les employés d'AMP pour élaborer une stratégie sur l'utilisation d'AMP pour empêcher le header bidding et évaluer le niveau de pression que les éditeurs et les annonceurs toléreraient. Premièrement, Google a restreint le code pour interdire aux éditeurs d'acheminer leurs enchères vers ou de partager leurs données utilisateur avec plus de quelques bourses à la fois, ce qui limitait la compatibilité AMP avec le header bidding. Dans le même temps, Google a rendu AMP entièrement compatible avec le routage vers les échanges via Google. [...] Google a conçu AMP afin que les utilisateurs qui chargent des pages AMP établissent une communication directe avec les serveurs de Google, plutôt qu'avec les serveurs des éditeurs. [...] AMP est un produit de mauvaise qualité pour les éditeurs [...] Google a faussement dit aux éditeurs que l'adoption d'AMP améliorerait les temps de chargement [...]  les avantages apparents de temps de chargement plus rapides pour la version AMP en cache des pages Web n'est pas valable pour les éditeurs qui conçoivent leurs pages Web pour la vitesse [...] Google pénalise les publicité non AMP d'un délai d'une seconde sur l'affichage afin de favoriser les publicités AMP et ralentir le header bidding des autres.

Tous les techniciens web qui se sont intéressés à AMP avaient sans doute déjà la puce à l'oreille :-) Attendons de voir comment la justice va trancher.

Suite à la parution de notre actalité, Google nous a contactés et a souhaité réagir. Voici la réaction officielle de son porte-parole :

"Les affirmations du procureur général Paxton au sujet de nos solutions publicitaires sont infondées. Nous avons investi dans des services de technologie publicitaire de pointe qui sont utiles aux entreprises et profitent aux consommateurs. Les prix des publicités digitales ont chuté au cours de la dernière décennie. Les frais de l’ad tech diminuent également. Les frais des technologies publicitaires de Google sont inférieurs à la moyenne du secteur. Ce sont les caractéristiques d’une industrie hautement compétitive. Nous nous défendrons fermement contre ses revendications sans fondement devant les tribunaux." - Porte-parole de Google