IA : risque énergétique sur l'Amérique du Nord, et en Europe ?

Par:
francoistonic

jeu, 19/12/2024 - 10:19

L'explosion de l'IA auprès du public et des entreprises pose un défi hors norme sur le réseau électrique, ce que l'on appelle la power grid. La North American Electric Reliability Corporation (NERC) s'inquiète d'une croissance de la demande énergétique "folle" sur les 10 prochaines années. L'IA exige d'énormes capacités de traitements, donc des datacenters. Le NERC alerte sur les risques réels sur le réseau énergétique aux Etats-Unis et au Canada. 

Trois points clés expliquent les risques :

  • Fermeture des centrales : Les arrêts accélérés de centrales au charbon, au gaz naturel et de certains sites nucléaires diminuent les capacités de production.
  • Réseau vieillissant : Le réseau électrique nord-américain n'est pas toujours adapté à l'augmentation rapide de la demande, augmentant les risques de pénuries. Un réseau mal adapté limite la livraison et le transport de l'énergie avec des risques de pertes croissants.
  • Projection 2025-2034 : Une baisse des réserves énergétiques est prévue, avec des pénuries possibles dès 2025, touchant d'abord le centre-est des États-Unis, puis s'étendant vers l'ouest d'ici 2029-2031. Le Canada est également concerné à court terme.

« L’arrêt accéléré des centrales au charbon, au gaz naturel et de sites nucléaires existants peut avoir un effet négatif profond sur l’adéquation des ressources et la fiabilité du système de production d’électricité au cours des dix prochaines années », a déclaré la NERC.

Ainsi le rapport LTRA 2024 du NERC précise que cet été, la demande supplémentaire a été très forte : +132 gigawatts, +80 gigawatts sont attendus pour l'hiver, voire, plus les températures sont basses.

Pour le NERC, une pénurie énergétique, du moins d'une baisse significative des "réserves de production" entre 2025 et 2034 est à prévoir. Plusieurs Etats américains seront rapidement concernés (centre est du pays) mais peu à peu, les risques vont s'étendre vers 2029-31 vers l'Ouest américain. Le Canada est concerné à court terme. Il faut réagir vite, très vite et lancer les chantiers et les projets dès 2025/2026. 

La Bank of America avait prévenu cet été qu'il faudrait ajouter une capacité de production de 18 à 28 gigawatts dès 2026, ce qui est colossale. Les Etats-Unis et le Canada subissent la fermeture des centrales fossiles mais les autres productions ne compensent pas ou alors uniquement sur certaines régions. A titre de comparaison, l'EPR de Flamenville (France) fournira en pleine puissance 1 600 mégawatts. Pour ajouter 18 gigawatts sur le réseau américain, il faudrait plus de 10 EPR à pleine charge !

Ce n'est donc pas un hasard si les géants de la technologie investissent massivement dans le nucléaire : sur des réactions actuels ou sur de nouveaux projets de type SMR. Le SMR est un réacteur nucléaire modulaire de petite taille, moins complexe qu'un réacteur classique et plus rapide à construire. En France, EDF a annoncé une refonte technique de son projet SMR, le Nuward. Objectif : une capacité de 400 mégawatts au lieu des 170 initiaux. EDF espère une disponibilité dès 2030. 400 mégawatts représente 0,4 gigawatt. Pour une production de 18 gigawatts, il faudrait 45 SMR de 400 mégawatts.

La question du réseau énergétique et de la production se pose en France et en Europe où les datacenters se multiplient. 

En partenariat avec Qbyte Magazine.