Kaspersky Lab identifie des botnets 'mineurs'... qui rapportent gros
mar, 19/09/2017 - 14:58
L’équipe de recherche antimalware de Kaspersky Lab a identifié deux botnets composés d’ordinateurs infectés par un malware, qui installe en toute discrétion des « mineurs » de cryptomonnaie – des logiciels légitimes servant à la création (« minage ») de monnaies virtuelles au moyen de la technologie blockchain. Dans un cas, les chercheurs ont pu estimer qu’un réseau de 4 000 machines était susceptible de rapporter à ses exploitants jusqu’à 30 000 dollars par mois et, dans l’autre cas, ils ont vu des cybercriminels empocher plus de 200 000 dollars grâce à un botnet de 5000 PC.
L’architecture du bitcoin et d’autres cryptomonnaies prévoit que, en dehors d’acheter de la cryptomonnaie un utilisateur peut créer une nouvelle unité monétaire (une « pièce ») en se servant de la puissance informatique de machines où sont installés des logiciels spécialisés, appelés des « mineurs ». Cependant, le concept des cryptomonnaies fait que plus le nombre de pièces produites est élevé, plus il faut de temps et de puissance informatique pour en créer une nouvelle, explique Kaspersky Lab.
Il y a plusieurs années de cela, un malware installant en toute discrétion des mineurs de bitcoin (exploitant les ordinateurs des victimes afin de créer de la monnaie virtuelle au profit de cybercriminels) était chose courante dans le paysage des menaces mais, plus le logiciel créait de bitcoins, plus il devenait difficile – voire, dans certains cas, inutile – d’en créer de nouveaux, de sorte que le gain financier potentiel à espérer d’un mineur de bitcoins ne couvrait pas l’investissement nécessaire à la création et à la distribution du malware, ainsi qu’à la maintenance de l’infrastructure sous-jacente.
Or, la montée en flèche du cours du bitcoin – la première et la plus connue des monnaies virtuelles – ces dernières années, à raison de plusieurs centaines de milliers de dollars l’unité, a déclenché une véritable « fièvre des cryptomonnaies » à travers le monde. Des centaines de groupes et de start-ups ont lancé leurs propres alternatives au bitcoin, dont bon nombre ont elles aussi pris une valeur élevée sur le marché en un laps de temps relativement court.
Ces évolutions sur le marché des cryptomonnaies n’ont pas manqué d’attirer l’attention des cybercriminels, qui se livrent désormais à des fraudes consistant à installer discrètement des mineurs sur des milliers de PC.
D’après les résultats d’une étude récente réalisée par les experts de Kaspersky Lab, les criminels qui se cachent derrière les botnets nouvellement découverts propagent les logiciels mineurs à l’aide de programmes publicitaires (adware), installés volontairement par les victimes. Une fois en place, l’adware télécharge un composant malveillant, qui installe le mineur mais effectue aussi certaines actions de sorte que ce dernier fonctionne le plus longtemps possible :
- Tentative de désactivation des logiciels de sécurité ;
- Surveillance de toutes les applications lancées et suspension de leur exécution si celles-ci sont destinées à surveiller les activités du système ou les processus en cours ;
- Vérification de la présence constante d’une copie du logiciel mineur sur le disque dur et restauration de celle-ci si elle a été supprimée.
Aussitôt créées, les premières pièces sont transférées dans des porte-monnaie appartenant aux cybercriminels, laissant les victimes avec un ordinateur bizarrement ralenti et consommant un peu plus d’électricité qu'habituellement. D’après les observations de Kaspersky Lab, la fraude tend à porter sur deux cryptomonnaies : Zcash et Monero. Celles-ci ont probablement été choisies car elles offrent un moyen fiable de préserver l’anonymat des transactions et des détenteurs de porte-monnaie.
Les premiers signes d’un retour des mineurs malveillants ont été repérés par Kaspersky Lab dès décembre 2016, lorsqu’un chercheur de la société a signalé au moins un millier d’ordinateurs infectés par un malware et contenant des mineurs Zcash, une cryptomonnaie lancée vers la fin d’octobre 2016. A cette époque, grâce à la montée rapide du cours de cette monnaie, ce botnet pouvait rapporter à ses exploitants jusqu’à 6000 dollars par semaine. L’émergence de nouveaux botnets mineurs a alors été prévue et les résultats d’études récentes ont confirmé cette prévision.
« Le principal problème des mineurs malveillants réside dans la difficulté de détecter leur activité avec fiabilité, car le malware emploie un logiciel tout à fait légitime qui, en temps normal, aurait pu avoir été installé par un utilisateur de bonne foi. Un autre aspect alarmant, identifié durant l’observation de ces deux nouveaux botnets, est que les mineurs malveillants prennent eux-mêmes de la valeur au marché noir. Nous avons vu des criminels proposer des générateurs de mineurs, c’est-à-dire des logiciels permettant à tout un chacun, en payant pour obtenir la version complète, de créer son propre botnet mineur. Cela signifie que les botnets que nous avons repérés récemment ne sont certainement pas les derniers », commente Evgeny Lopatin, analyste en malware chez Kaspersky Lab.
Des informations techniques supplémentaires sur les mineurs de monnaies pirates sont à lire sur Securelist.com.