La « maturité numérique » des dirigeants d’entreprise s’améliore. Bonne nouvelle pour les DSI !

Par:
jean

mer, 11/04/2012 - 21:20

IDC a lancé ce jour le baromètre de la maturité numérique des dirigeants français. Cette première édition est le fruit d’un partenariat avec Syntec Numérique,Top Management et la société de conseils Niji.

L’objectif est de mesurer la « maturité numérique » des patrons, tant au plan de leur utilisation personnelle des outils numériques que du lien qu’ils établissent entre le numérique et les enjeux stratégiques de leur entreprise (en termes d’innovation, de création de valeur et/ou d’amélioration de la performance).

« Cette première édition met en évidence une nette prise de conscience des enjeux numériques par les dirigeants français depuis 2008, facilitée par une appropriation accélérée des nouveaux outils numériques personnels (PC portables ultrafins, smartphones, tablettes, etc.) » constate Didier Krainc, Directeur Général d’IDC France. « Néanmoins, des progrès restent à faire sur les moyens de mise en oeuvre de ces enjeux et sur l’évaluation des ressources à y affecter ainsi que des ROI à en attendre. »

Des dirigeants très largement équipés d’outils numériques

Le taux d’équipement en terminaux numériques est fort : 3,7 par dirigeant en moyenne. C’est un indicateur avancé de l'usage croissant du numérique par les dirigeants. 63% d’entre eux sont équipés de tablettes et presque tous disposent d'un smartphone (91%) et d'un PC portable (94%).

Sont-ils pour autant à l’aise avec les outils numériques ?

De fortes disparités en matière de maturité numérique apparaissent: près de deux dirigeants sur cinq (39%) seulement se disent très à l'aise avec les outils numériques. Les dirigeants les plus matures sont plus nombreux à communiquer et échanger sur les réseaux sociaux et à utiliser les outils d'aide à la décision. Ils sont en outre plus avancés dans leur connaissance des sujets phares associés à l'informatique, comme par exemple le sujet du Cloud Computing. Ils sont par ailleurs plus sensibles à la contribution que représente l’informatique au succès de leur entreprise.

Presque tous les dirigeants (93%) sont conscients que le numérique représente une opportunité pour leur entreprise. Ils estiment d'ailleurs que par temps de crise, le numérique devient un vecteur potentiel de compétitivité et d'innovation (pour 82% d'entre eux).

Mais les points d'amélioration identifiés sont nombreux : le numérique est considéré par 43% des dirigeants comme un domaine encore trop complexe, mal maîtrisé, trop couteux (54%) et trop rigide (50%).

Enfin, les dirigeants témoignant d'une maturité numérique supérieure aux autres sont plus ouverts à l'externalisation de leur informatique et au déploiement d'une stratégie Cloud, deux vecteurs perçus comme des leviers permettant d'évacuer la complexité pour se concentrer sur l'essentiel : l'innovation, la performance et la compétitivité apportés par le numérique.

L’étude estime que « le rapprochement entre les directions générales et les Directions des Systèmes d'information (DSI), initié depuis quelques années, favorise la sensibilisation des dirigeants aux enjeux du numérique et oeuvre pour l'implication de ces derniers dans la nécessaire gouvernance du numérique. »

Pour Guy Mamou-Mani, Président de Syntec Numérique, l’étude marque une étape importante, car elle démontre que « les dirigeants s’approprient le numérique comme un vecteur de performances et de d’innovation pour l’entreprise. Le message qui passe dans l’étude est que ce n’est pas un outil comme un autre, mais un outil de transversalité ». Il ajoute : « aujourd’hui les entreprises ne considèrent plus seulement le numérique comme une variable d’ajustement, les dirigeants ont pris conscience qu’il constitue un puissant moyen de transformation et un vrai moteur de sortie de crise».

Les décisions IT de plus en plus collégiales

IDC note cependant que « Si les dirigeants ont pris conscience du levier que peut représenter le numérique dans leur activité, ils voient encore mal comment ils peuvent concrètement mettre en oeuvre ce levier dans leur entreprise. »

Conséquence de la prise de conscience du fait que le numérique est crucial en termes d'innovation, de compétitivité, de productivité et d'organisation du travail, les entreprises mettent en place, observe l’étude, une gouvernance IT de plus en collégiale. «Si elle reste pilotée par la DSI, la gouvernance s’élargit non seulement aux directions métiers mais aussi à la DG et à certaines directions fonctionnelles (achat, RH, notamment). Un long chemin a déjà été parcouru pour améliorer la communication entre la DSI, la DG et les directions métiers : les entreprises sont de plus en plus nombreuses à rattacher la DSI à la Direction Générale, à l’inclure dans le ComEx, et à multiplier les interactions et l'implication des dirigeants dans les projets IT d'envergure. Mais la communication, une fois établie, n'est pas toujours fluide. »

Le Syntec trouve positive cette évolution : « C’est une bonne nouvelle, si le dirigeant est impliqué, l’entreprise se l’approprie, le projet est plus facile et a plus de chance de réussir », estime Guy Mamou-Mani

IDC conclut : « Ainsi le concept de l'entreprise numérique commence à s’installer dans les esprits, mais n’est visiblement pas encore tout à fait mûr. »

Hugues Meili, PDG de Niji, partenaire officiel du baromètre, insiste sur la nécessité de faire évoluer les organisations.

Il estime que le DSI est dans les faits un « DSIC », en charge de l’Information et de la Communication. En allant plus loin, «le rôle du DSI doit évoluer dans l’organisation des grandes et moyennes entreprises, comme dans les ETI ; il n’est pas encore réellement en charge du numérique de façon transversale ; il y a un chaînon manquant dans l’organisation, c’est celui du «Chief Digital Officer », du Directeur Numérique, à la rencontre des enjeux business et des possibilités offertes par le digital : c’est ce nouveau rôle que je propose de définir plus clairement pour améliorer le baromètre l’an prochain. »   Hughes Meili pense même que « les DSI n’ont pas le choix, ils doivent devenir conquérant de ce rôle nouveau ».

Didier Krainc, Directeur général d’ IDC ajoute : « Ce rôle est nécessaire, si le DSI ne le prend pas, ce sera le Directeur Marketing »

Enquête menée au cours du premier trimestre 2012 sur un échantillon de plus de 130 dirigeants ayant répondu à un questionnaire, complétée par 26 entretiens en face à face menés par les analystes d’IDC France.

Jean Kaminsky