OpenXML : le « non mais » de la France !
mar, 04/09/2007 - 13:34
La guerre des formats bureautique n’est pas terminée. Le 2 septembre, les pays ont voté sur la question de savoir si OpenXML pouvait devenir une norme à l’instar d’OpenDocument Format, normalisé en décembre 2006, à la même période, ECMA validait le format OpenXML de Microsoft. L’ECMA demande alors à une procédure accélérée, appelée « fast track », auprès de l’ISO. Depuis le 2 septembre, nous avons passé une nouvelle étape, avec les votes des différents organismes nationaux de normalisation (dont les résultats n’étaient pas tous connus au moment d’écrire cet article). La décision de la France était attendue. L’Afnor a dévoilé la position française qui se veut pragmatique.
Un format scindé en deux !
La procédure s’est décomposée en plusieurs phases, une première de 30 jours, puis une grande enquête nationale de 5 mois. Le résultat de ce travail a été dépouillé lors de la commission de normalisation de l’Afnor les 28 et 29 août, le vote intervenant le 2 septembre. Durant la conférence de presse du 3 septembre, l’Afnor a évoqué le conflit potentiel à avoir deux formats bureautiques qui auraient à co-exister parallèlement, en substance, faut-il deux normes ? Le contexte complexe de cette affaire n’a visiblement pas été totalement serein à en croire les premières réactions officielles de Microsoft France lors d’une conférence téléphonique ayant eu lieu à 19h. Des insultes auraient été proférées durant la réunion de la commission, selon l’éditeur. S’il existait un consensus pour trouver une solution et pérenniser les utilisateurs actuels, aucun consensus n’a pu être dégagé les 28 et 29 août sur le vote français, l’Afnor a donc du trancher malgré le climat ambiant.
La position de l’Afnor est de ne pas accepter le format OpenXML soumis par l’ECMA dans son état actuel. Ce vote négatif est cependant assorti de nombreux commentaires qui ne ferment pas la porte à une révision de la position française. Pour l’Afnor, il faudrait scinder en deux le format actuel : un OOXML-Core contenant uniquement le cœur fonctionnel vidé de tout ce qui peut être lié aux applications, technologies Microsoft, et un OOXML-Extensions contenant les fonctions complémentaires pour assurer la compatibilité avec les documents existants. Au total plus de 120 pages de commentaires ont été rédigées. Microsoft France a dit son étonnement devant une telle position et remarque l’absence de consensus.
Une porte ouverte
Malgré tout, l’annonce de l’Afnor apparaît pragmatique. L’organisation demande par exemple le retrait de VML, une technologie Microsoft pour le vectoriel, ainsi que des schémas métiers, une meilleure documentation sur certaines fonctions. L’Afnor demande aussi l’implémentation de normes ISO telles que le formatage de la date et heure, le code des langues, le système métrique. D’autres fonctions comme l’accessibilité ou la sécurité avec X-509 sont par contre appréciées. Il demande aussi la possibilité de pouvoir valider un document OpenXML avec un schéma XML. Cependant, l’Afnor reconnaît aussi des défauts à OpenDocument Format, rien n’est jamais parfait et aussi le fait que la norme actuelle n’est pas celle implémentée dans les applications, d’où aussi le besoin de « mettre à jour » la norme actuelle d’OpenDocument Format.
Pour l’Afnor, il faut pouvoir arriver à définir, à proposer un format unique, un format universel. À terme, il s’agit donc de pouvoir faire « fusionner » les deux formats dans une unique norme ! Bref, faire de la convergence. D’ici à 2011, cela pourrait être possible. La première étape sera alors de proposer OOXML (après modifications par l’ECMA) en ISO TS. Il s’agit d’une spécification technique ayant un consensus technique, révisable tous les 3 ans, ou bout de 6 ans, elle doit être soit transformée en norme, soit annulée. Puis il s’agirait de mettre en place, rapidement, le processus de convergence entre l’ISO/CEI 26300 (ODF) et le cœur de OOXML. Un projet ambitieux qui pourrait enfin aboutir à un véritable format indépendant, ouvert et facilement implémentable. Car, il s’agit bien entendu de faciliter le travail des éditeurs, des développeurs. Et assurer en même temps une certaine stabilité aux utilisateurs d’OpenXML dans la pérennité du format et des fichiers.
Le vote du 2 septembre n’est qu’une étape et le travail est loin d’être terminé. En décembre prochain, l’ECMA doit se réunir. Il examinera les commentaires faits par les organismes nationaux comme l’Afnor. La seconde étape aura lieu en février 2008 lors d’une grande réunion de l’ISO qui devra une nouvelle fois statuer sur le sort de OOXML et voir si les précisions, modifications apportées entre temps par l’ECMA sont suffisantes pour voter positivement à la normalisation du format.
<<<< dernière minute >>>>
La position officielle de Microsoft France
La filiale française de l’éditeur a envoyé en fin de matinée sa position officielle par rapport à la décision de l’Afnor, celle-ci ne diffère pas de celle énoncée à chaud lundi 3 septembre en début de soirée.
« Microsoft France vient de prendre connaissance avec surprise du Communiqué de presse de l’AFNOR. Cette position n’a fait l’objet d’aucune discussion ni consensus en Commission de normalisation et n’a même pas été portée à la connaissance de ses membres avant sa publication. Malheureusement, une telle situation ne reflète pas la qualité des travaux et les efforts constants de nombreux acteurs des secteurs privé et public qui ont œuvré au sein de la commission en faveur de la normalisation d’Open XML d’ECMA.
En effet, une majorité des utilisateurs français se sont prononcés en faveur d’une normalisation ISO rapide d’Open XML et ont essayé de définir une position positive avec des suggestions d’améliorations utiles.
Le processus de ratification à l’ISO, est désormais lancé au niveau international et comprend de nombreuses étapes devant conduire à une décision finale en Mars Avril 2008, après une période de résolution des commentaires. Microsoft France reste convaincu que seul l’intérêt des utilisateurs doit prévaloir et espère que l’AFNOR, dans le respect de ses procédures, pourra contribuer utilement et positivement à cette prochaine étape du processus de ratification. »