lun, 04/02/2013 - 11:28
J’ai récemment parlé du volume et du degré de détails des données personnelles éparpillées sur Internet. Par curiosité, je me suis enregistré auprès d’un courtier en information bien connu pour découvrir les données personnelles qui ont été recueillies à mon sujet. Les courtiers en information sont des services qui collectent des données, principalement en parcourant les réseaux sociaux ou en plaçant des cookies sur des sites partenaires, pour construire d’énormes bases de données d’informations personnelles. Par Norman Girard, Vice Président Europe de Varonis.
Le courtier en question dispose de données sur plus de 400 millions d’utilisateurs. Les détails recueillis, minimaux en ce qui me concerne, me plaçaient dans certains groupes démographiques correspondant à une tranche d’âge et à un lieu d’habitation. Ils indiquaient également que j’étais probablement utilisateur d’un Smartphone. Tout était vrai. Et si j’avais été un utilisateur plus actif des réseaux sociaux, ce service aurait pu deviner mes intérêts liés à l’actualité.
Lorsque ces données sociales sont liées à des données publiques largement disponibles --‐ saviez--‐vous que les listes électorales, avec le nom, l’adresse, la date de naissance complète et le code postal peuvent être achetées pour un prix modeste ? - un profil personnel détaillé commence à émerger.
En laissant de côté le fait que les utilisateurs de Twitter, par exemple, veulent révéler des informations personnelles et même leur identité, la plupart des réseaux sociaux partage également avec des tiers des informations non personnelles - y compris l’adresse IP- ou des informations agrégées. Il n’est pas exagérément compliqué pour un courtier de relier les pointillés entre ses propres trésors de données et les données obtenues par des accords commerciaux avec les réseaux sociaux pour identifier de façon unique, sauf rare exception, les individus.
Les courtiers en information ne sont pas les seuls à rechercher des données personnelles à partir des réseaux sociaux. Les banques et d’autres entreprises de services financiers ont décidé que des renseignements utiles à leur activité, y compris les informations de crédit à la consommation, pouvaient être tirés des « like » et autres liens sociaux. Ce n’est pas cependant sans provoquer une certaine controverse. En Allemagne, les activités de recherche de données d’une agence de crédit ont récemment suscité l’attention des régulateurs.
Une façon d’envisager la transformation des données personnelles en « Big Data » est d’y voir un problème d’administration des métadonnées. De même que dans les réseaux d’entreprise les utilisateurs peuvent décider quels fichiers peuvent être partagés et quels fichiers ne le peuvent pas, les internautes devraient en théorie disposer du même pouvoir, ainsi que de la capacité de corriger des données inexactes ou obsolètes.
C'est apparemment ainsi que les régulateurs, aux Etats-Unis, comme dans les pays de l’UE, traiteront à l’avenir les activités de recueil de données des courtiers et autres organismes. Dans le nouveau rapport de recommandations sur la confidentialité de la Federal Trade Commission (FTD) dont il a été question dans mes précédents articles, les régulateurs préféreraient que les courtiers mettent leurs informations à disposition sur un site web centralisé, évitant aux internautes d’avoir à faire des recherches dans les bases de données de plusieurs courtiers.
Le rapport tend également à donner aux particuliers plus de pouvoir pour accorder des droits d’accès sur leurs informations et dans certaines circonstances pour corriger leurs données. À ce propos, grâce au Fair Credit Reporting Act (FCRA), les consommateurs ont aujourd’hui le droit de corriger les informations relatives au crédit. La question plus large est de savoir si ce type de droit à la correction s’étendra au final à d’autres domaines.
Norman Girard, Vice Président Europe de Varonis
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