mar, 12/06/2012 - 12:29
Lorsque le monde de l’informatique est cité au hasard des conversations, c’est bien souvent les aspects hautement techniques du métier qui sont évoqués. Ainsi, par défaut, « l’informaticien » est un spécialiste technique pointu dont l’expertise tourne souvent autour des « nouvelles » technologies ou encore de l’Internet.
Cependant, les métiers et les spécialités sont beaucoup plus diversifiés qu’il n’y paraît vu de l’extérieur. Qu’il puisse exister une double compétence issue d’une autre spécialité n’est pas forcement évident pour les néophytes, c’est pourtant ce qui fait la grande richesse des métiers de l’ingénierie informatique. Par Cédric Glapski, Analyste fonctionnel, Gfi Informatique.
Plusieurs approches pour une reconversion
Aborder l’informatique lorsque l’on vient d’un autre métier n’implique pas forcément d’adopter d’emblée tous les us et coutumes de ce monde d’accueil. Curiosité et ouverture d’esprit restent des qualités qu’il faut sans cesse aiguiser pour ne pas les voir s’émousser. Lorsque le côté technique est maîtrisé, l’orientation vers la gestion de projet et l’analyse est la voie la plus empruntée par les nouveaux arrivants en SSII.
Un autre point d’entrée consiste à essayer de comprendre plus en profondeur à quelles règles de gestion peut bien obéir le système d’information sur lequel on travaille. C’est de là que naît l’intérêt de la compréhension des règles métiers exprimées au travers des règles informatiques puis de la compréhension du métier de l’utilisateur final. Si la route à emprunter est difficile parce qu’elle se confronte aux exigences techniques d’une direction informatique, il faudra rechercher à se documenter toujours un peu plus et essayer de comprendre de plus en plus finement le problème posé, soit via la maîtrise d’ouvrage soit directement par le métier.
La curiosité, moteur de succès
Les enseignements qui peuvent être tirés d’une démarche curieuse sont précieux. Dans le secteur de l’assurance vie, par exemple, quelque soit le nom donné à un acte de gestion, il répondra fondamentalement aux mêmes règles quelque soit le client, puisque gérés par un même ensemble de lois et de décrets. Comprendre comment et pourquoi un produit est géré de telle façon ou de telle autre permet d’être beaucoup plus flexible sur les différents systèmes d’information, une compétence qui fera défaut à un « pur » informaticien.
Il ne reste plus alors qu’à appréhender techniquement la base de données, et encore ! En réalité il suffit de comprendre comment est organisé le modèle de donnée et de savoir ce que l’on y recherche. Imaginons que vous investissiez une somme d’argent sur des actions cotées en bourses, quelque soit la société, les règles de calculs qui font évoluer l’investissement sont fixées une fois pour toute. Il suffit alors de savoir où chercher dans le modèle de donnée et de comprendre comment il s’articule pour transposer ensuite les règles déjà apprises.
Faire dialoguer deux univers
En dehors de la flexibilité qu’elle apporte, cette double compétence peut faciliter grandement la communication entre différents interlocuteurs qui sont soit uniquement techniques soit uniquement utilisateurs de l’outil informatique. La construction d’un meilleur échange permet aussi de mieux cerner les problèmes et d’apporter une réponse adaptée qui pourra satisfaire les deux partis. Comprendre les deux langues à la fois, celle du métier et celle de la technique, permet d’être un interprète et d’expliquer les tenants et aboutissants des projets à chacun des partis en présence.
Un autre intérêt d’une double compétence : devenir proactif et devancer les problèmes soit techniques soit fonctionnels lors de la rédaction des différents types de spécifications. Il est donc possible de limiter dès le départ le nombre d’anomalies ou les problèmes pouvant être rencontrés plus tard lors des phases de tests, d’intégration ou de recette.
Des profils très demandés en SSII
Une double compétence apporte des éléments appréciables d’expertise et de flexibilité lors de missions directement au sein des équipes client (régie) mais permet également de mettre en place un support aux équipes lors de prestations fournies par la société de service à partir de ses propres ressources (forfait). Ces compétences correctement utilisées peuvent s’avérer d’une grande valeur, que ce soit au niveau des relations humaines ou bien dans le domaine de la maîtrise des coûts, en se basant sur l’expérience et le savoir de ces personnes à double facette.
Il peut arriver que pour certains projets, le mélange des genres soit requis. Se retrouvent alors ensemble les techniciens, les fonctionnels (les personnes appliquant les règles métier en langage informatique) et les gens dit « du métier ». Les uns vont alors programmer, les seconds analyser la conformité du besoin et travailler sur son expression et les gens « du métier » testeront et valideront l’outil informatique en cours d’élaboration. Une méthodologie dite par itération permet ce mélange et le recommande. L’outil informatique est alors élaboré petit à petit par phase successive et de façon dynamique. Il est inutile de préciser combien des profils de double compétence peuvent se retrouver très utiles dans ce type de projet !
Si les profils d’informaticien sont légions, les profils présentant d’autres compétences associées sont souvent plus intéressants car permettant une meilleur flexibilité. Cela est souvent le cas des scientifiques qui se recyclent dans le domaine informatique. Ce qui est recherché alors est la rigueur et les capacités d’analyse propres à ces formations. Ainsi, les SSII ne cherchent pas forcement des compétences informatiques mais plutôt des profils capables d’apprendre et de s’adapter. Elles proposent d’ailleurs très souvent une formation plus ou moins conséquente en début de contrat afin de peaufiner le profil informatique de ses futurs talents.
Cédric Glapski, Analyste fonctionnel, Gfi Informatique
Le témoignage de…
Marie-Laure Exbrayat, Consultante, Département Solution Transport et Logistique, Gfi Informatique
Après une licence d’anglais, j’ai passé le concours de l’AFT IFTIM, une école professionnelle de transport et de logistique, pour suivre une formation d’agent d’exploitation transport. Ce métier consiste à organiser la réception des commandes clients, faire de la planification et de l’organisation de transport et gérer des conducteurs routiers. J’ai ensuite travaillé pendant 17 ans dans le transport routier et le transport combiné rail-route à destination de toute l’Europe.
Chez le second transporteur où j’ai travaillé, après de multiples rachats d’entreprises, il ne devait plus y avoir qu’un seul logiciel de planification de transport (TMS ou transport management system) pour remplacer tous les logiciels existants. Il fallait un directeur de projet pour faire le lien avec l’éditeur, former les utilisateurs de toute l’entreprise… et c’est comme cela que je suis tombée dans l’informatique. J’ai d’abord été référent informatique pour ce logiciel, puis pour toute l’entreprise : WMS (warehouse management system), interface avec les clients, gestion de projet, acheteur au niveau des éditeurs, du réseau, des télécoms… j’ai ainsi acquis ma double compétence.
Après 12 années passées à ce poste, j’ai décidé de prendre un nouveau départ au sein d’une SSII. Je suis arrivée chez Gfi Informatique en octobre 2010, et j’ai beaucoup appris au niveau purement informatique. Mais en clientèle je retrouve des problématiques bien connues ! Je donne aux clients mon expérience acquise après 17 ans dans la logistique, mon rôle est avant tout de faire du conseil. D’ailleurs c’est le moment que je préfère car je suis en terrain familier : palettes, camions et entrepôts !
Au sein de la SSII, je suis un traducteur-interprète du besoin du client. J’explique au développeur ce que ce dernier attend du logiciel. Quand on écrit des spécifications fonctionnelles, ma double compétence me permet d’être au plus prêt du besoin, de cibler en posant des questions très précises et au final de gagner beaucoup de temps de développement. Mon rôle est complémentaire de celui des purs informaticiens.
Je travaille avec des développeurs qui ne connaissent pas du tout l’univers du transport et de la logistique. Or c’est essentiel ne serait-ce qu’au niveau du vocabulaire, des règles de gestion, de la législation très changeante et contraignante. Je fais toujours de la veille règlementaire. C’est très important pour moi de ne pas me couper de mon métier d’origine, il faut rester proche du terrain, savoir ce qui se passe dans le métier et aller régulièrement chez les clients pour conserver cette double expertise.
Le regard de…
Isabelle Neri, Responsable du recrutement Groupe, Gfi Informatique
Les profils qui ont cette double compétence font preuve d’une grande aptitude à travailler en équipe et d’une forte capacité d’adaptation aux différentes problématiques rencontrées chez un client. De plus, la diversité des modes de pensée et de raisonnement qu’ils ont acquis leur permet de se différencier dans un environnement très concurrentiel. Ceci dit, la double compétence, obtenue dès la formation initiale, est de plus en plus répandue sans doute car elle permet d’augmenter son choix parmi les entreprises et les fonctions, mais aussi d’élargir ses perspectives d’évolutions.
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