lun, 22/10/2012 - 14:20
Pour Patrick Rataud, Directeur général de Micro Focus Gallia (France, Benelux, Maghreb), la multiplication des accès mobiles aux applications mainframe s’avère inévitable mais elle pose une double question : le SI est-il compatible avec ces nouvelles approches ? Et comment éviter l’explosion des coûts mainframe du fait de leur sur sollicitation ?
De plus en plus, particuliers et professionnels veulent accéder en permanence depuis leur appareil mobile à toutes les applications qu’ils ont l’habitude d’utiliser sur leur PC fixe ou portable. IDC estime que le nombre de téléchargements d’applications mobiles atteindra 76,9 milliards d’ici 2014. Quel que soit l’endroit où ils se trouvent, ils visitent les sites d’e-commerce, comparent les produits, font leurs achats et téléchargent des applications qui leur donnent accès aux services de banque en ligne et d’information en continu, le tout depuis leur smartphone ou leur tablette.
Mais trop souvent, les entreprises réalisent qu’elles ne sont pas préparées à une telle évolution : les applications mobiles sont incompatibles avec leur infrastructure IT existante. Elles ont notamment des difficultés à prendre en charge les nouveaux environnements d’exploitation et les versions Web mobiles qui sont déployées sur smartphones et autres terminaux mobiles.
Ajoutons qu’avec l’engouement pour le BYOD (“Bring your own device”), bon nombre d’entreprises sont confrontées à la nécessité de créer de nouvelles applications pour leur personnel, applications qui doivent être compatibles avec toute une gamme de terminaux mobiles.
Afin de limiter le coût potentiellement élevé qu’engendre l’adaptation de l’infrastructure en place à l’utilisation des appareils mobiles, les entreprises s’efforcent malgré tout de réutiliser autant que possible les applications existantes. Il est en effet important qu’elles ne tombent pas dans le piège de la réécriture, aveuglées par la volonté d’accélérer leurs innovations afin de satisfaire une nouvelle génération de consommateurs. Au contraire, en ayant la capacité de réutiliser et d’adapter leurs applications, elles tireront parti de l’univers mobile à moindre coût et sans compromettre leur infrastructure existante.
Second challenge : les entreprises doivent trouver une solution pour soulager leurs mainframes qui vont être sur-sollicités vu la charge supplémentaire qu’engendre l’accès mobile. Elles peuvent choisir la voie traditionnelle qui consiste à ajouter des MIPS, une dépense estimée à près de 3 000 euros par MIPS supplémentaire - un coût qui peut certes paraître exorbitant mais qui ne doit pas pour autant dissuader les entreprises de développer des applications mobiles. L’autre solution consiste à transférer une partie de cette charge vers des systèmes plus économiques.
Adapter les applications de l’entreprise
Dans la plupart des entreprises, les applications écrites en COBOL constituent encore plus de 70 % du parc applicatif. C’est là un atout majeur car le COBOL étant facilement exploitable depuis un environnement mobile, il ne faut donc pas nécessairement partir de zéro et réécrire le code des ces applications dans un autre langage. Ainsi l’entreprise conserve tout le capital accumulé au fil des années dans ces applications. En fait, en les réutilisant de la manière la plus efficace et économique qui soit, elle préserve l’intégrité de son infrastructure IT.
Même si pour bon nombre de professionnels, le COBOL n’est pas forcément la solution qui coule de source afin d’adapter les applications métier à l’univers mobile, c’est la simplicité et donc la facilité d’adaptation de ce langage de programmation quinquagénaire qui en font le candidat idéal pour propulser les entreprises dans une nouvelle ère. Avec des outils comme Visual Studio ou Eclipse, les développeurs créent des applications mobiles pour une très grande variété de plates-formes. Le COBOL peut être utilisé dans chaque cas pour délivrer plus facilement des services et prendre en charge les données de manière efficace entre le mainframe et l’utilisateur. En préférant la réutilisation des applications COBOL à leur réécriture, les entreprises préservent l’intégrité, la sécurité, le suivi et la confidentialité de leurs données puisque celles-ci restent en permanence sur le mainframe.
Les développeurs peuvent aujourd’hui bénéficier du meilleur des deux mondes en combinant les outils modernes de développement d’applications mobiles et une méthode haute performance et entièrement sécurisée de livraison des données utilisant le COBOL. Comme ce langage est déjà plus ou moins présent dans l’infrastructure IT de la majorité des entreprises, il leur suffit de renforcer cet investissement pour répondre aux besoins d’accès mobile de leurs clients et de leurs collaborateurs.
Soulager le mainframe
Même si l’ajout de MIPS au mainframe est la solution retenue habituellement, elle n’en reste pas moins extrêmement coûteuse. Plutôt que de renoncer à l’accès mobile parce que trop cher et trop risqué, le département IT peut opter pour le réhébergement d’une partie de la charge de travail du mainframe, autrement dit son transfert vers une plate-forme courante nettement moins onéreuse. En étant ainsi délesté de certaines tâches de gestion du cycle de vie des applications (développement, tests et même lancement en production), le mainframe sera moins sollicité.
Cette possibilité de réhébergement est très avantageuse pour les entreprises car elle réduit les coûts d’exploitation liés au support des applications mobiles. En fait la part de ces coûts imputable au mainframe est tout simplement éliminée et les applications réhébergées s’exécutent sur une plate-forme type Windows plus économique et plus souple.
L’allègement de la charge du mainframe a également d’autres effets bénéfiques. Elle améliore notamment la performance des applications restées sur le mainframe puisqu’il y a moins de risque d’engorgement ; elle accélère aussi les délais de traitement.
Lorsqu’on adopte cette solution, il est surtout essentiel de bien choisir les applications à réhéberger. Les départements IT doivent pour cela tenir compte de plusieurs paramètres parmi lesquels la demande des clients, les coûts d’exploitation, le personnel disponible, la performance des applications, les liens de dépendance avec d’autres systèmes et le degré de facilité du processus de réhébergement sur la nouvelle plate-forme.
Bon nombre d’entreprises qui en ont fait l’expérience ont constaté des gains significatifs. Une grande SSII a transféré vers Windows une partie de la charge de travail de ses applications à hauteur de 150 MIPS et a ainsi réduit de moitié ses coûts IT. De même, grâce au réhébergement, un grand établissement médical a économisé 77 % sur son budget informatique total.
Les deux principales clés du succès
L’accès mobile est une tendance à laquelle les entreprises n’échapperont pas si elles veulent rester compétitives et continuer à aller de l’avant au cours des prochaines années. Quel que soit leur secteur d’activité, elles doivent donc réfléchir à la manière la plus efficace d’adapter leurs applications en conséquence.
La meilleure solution consiste dans un premier temps à réutiliser autant que possible les applications existantes afin de préserver l’intégrité et la sécurité à long terme du mainframe. En tirant parti de la valeur stockée dans ses applications COBOL pour les adapter à l’univers mobile, l’entreprise sera en mesure de délivrer les données du mainframe à l’utilisateur sans en compromettre la sécurité.
D’autre part, lorsqu’elle prévoit d’offrir un accès mobile à grande échelle aux consommateurs et à son personnel, elle doit impérativement s’assurer que son infrastructure IT pourra supporter la charge supplémentaire que cela entraîne. Pour réduire les risques d’engorgement, le réhébergement est une solution économique et viable.
Ainsi, le très gros volume de trafic généré une fois les accès mobiles en place, ne dégradera pas les performances et ne mettra en péril la rentabilité et les résultats de l’entreprise.
Patrick Rataud, Directeur général de Micro Focus Gallia
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