lun, 29/08/2011 - 12:21
Joris Seznec, Responsable Commercial du secteur Télécom chez Esri France s’exprime sur l’utilisation croissante des Systèmes d’Information Géographique chez les opérateurs des Télécommunications.
- Pourriez-vous nous exposer en quoi les Systèmes d’Information Géographique (SIG) peuvent répondre aux problématiques des opérateurs télécoms ?
Je pense qu’il est, dans un premier temps, important de définir les SIG : ils permettent de croiser et analyser, via une carte, des données métiers internes à l’entreprise et des données externes, comme des données routières ou des données INSEE, par exemple.
La prise en compte de la dimension géographique pour la gestion du cycle de vie d’un réseau -électricité, gaz, eau ou encore pétrole- est réellement indispensable.
Ce constat est le même pour les opérateurs de télécommunications, aujourd’hui confrontés à de nombreux challenges impactant leurs réseaux. L’analyse spatiale est alors nécessaire pour optimiser leurs processus et effectuer les bons choix, par exemple :
- Pour faire face à l’obsolescence de certains éléments du réseau impliquant une stratégie de remplacement de matériel, au travers d’interventions opérationnelles.
- Pour se mettre en conformité avec la loi. Citons par exemple la mise en place d’un guichet unique obligeant les opérateurs à déclarer en ligne les réseaux souterrains, aériens ou subaquatiques. L’objectif étant de sécuriser les travaux proches des réseaux qui, par le passé, ont été source d'accidents (notamment avec les conduites de gaz), ou encore la problématique des antennes radios situées à côté des écoles ou hôpitaux.
- Pour renforcer un réseau de points de vente dans l’objectif d’accroître la proximité avec ses clients.
Il est donc indispensable pour ces opérateurs d’avoir une vision claire de leurs actifs afin de répondre à ces différents enjeux techniques et « business ».
- Pourquoi et comment les utilisent-ils ? En quoi cette technologie peut les aider ?
Les opérateurs télécoms utilisent les SIG depuis de nombreuses années notamment pour la gestion de leurs réseaux, or l’accès à cette technologie n’est désormais plus uniquement réservé aux experts. On tend vers une véritable démocratisation des SIG.
En effet, les DSI ont pris conscience du réel apport des SIG, et aujourd’hui de plus en plus de couplages sont opérés avec des applications qui n’utilisaient auparavant aucune analyse ou représentation géographique. Les SIG permettent de rassembler de multiples sources d’informations en un seul et même support : la carte.
La mise à disposition d’applications embarquant des cartographies dynamiques se fait aussi bien pour les techniciens radios qui opèrent la qualité de service du réseau, que pour les décideurs qui choisissent des zones stratégiques où l’opérateur doit s’implanter.
Au-delà de cet usage au sein de l’entreprise, les opérateurs utilisent la cartographie pour communiquer auprès du grand public, sur Internet et bientôt sur les smartphones, via des cartes dynamiques. L’objectif ? Renseigner ses clients sur des sujets divers et variés, tels que l’adresse des points de ventes, le positionnement des bornes Wi-Fi, les couvertures mobiles, l’éligibilité à la fibre, ou encore proposer des offres commerciales en fonction de la localisation.
- On parle beaucoup du déploiement de la 4G et de FTTH (Fiber To The Home).
Est-ce que les SIG peuvent intervenir sur de telles problématiques ?
En effet, ce sont deux sujets d’actualité générant des investissements colossaux pour les opérateurs. Pour rappel, les fréquences de la téléphonie 4G seront proposées aux enchères pour un total de 2,5 milliards d'euros au minimum. Et pour donner un exemple dans le FTTH, France Telecom a annoncé un investissement de 2 milliards d’euros d’ici 2015.
La dimension géographique, dans le cadre du déploiement de la 4G, est primordiale, notamment pour répondre à la contrainte de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP). Celle-ci impose, en effet, aux opérateurs une couverture de 99 % de la population d'ici 15 ans. Pour atteindre cet objectif, les opérateurs devront cartographier les lieux de vie de la population française pour décider de l’installation des infrastructures.
Concernant la Fibre Optique, la problématique est encore plus complexe. L’ARCEP impose aujourd’hui aux opérateurs des échanges d’informations sur la localisation des infrastructures. Le but étant de mutualiser les investissements en partageant les fourreaux quand cela est possible
De plus, la réglementation définie par l’ARCEP sur le déploiement des réseaux en fibres optiques dépend des zones de vie dîtes « denses » ou « moins denses ». Il faut donc prendre en compte ces différentes zones dans la stratégie de déploiement car dans le cas des zones « moins denses » l’ARCEP impose une mutualisation des infrastructures. Les SIG permettent aux opérateurs de définir leur stratégie de déploiement, en analysant le potentiel économique et le retour sur investissement attendu d’une zone tout en intégrant les contraintes réglementaires cités ci-dessus.
- Pensez-vous que les SIG sont devenus un véritable outil d’aide à la décision dans le domaine des télécommunications ?
Nous constatons en effet que les SIG sont devenus, au fil du temps, un outil indispensable pour la gestion des réseaux mobiles ou fixes. Au-delà de cet aspect, les SIG permettent désormais d’analyser des informations dites « business », du type mode de consommation, déplacements des clients. Sur un marché saturé, les opérateurs de télécommunications doivent sans cesse innover pour offrir des services répondant aux exigences des clients. Les SIG les aident dans cette quête en leur permettant de procéder à une analyse géodécisionnelle : couplage de Business Intelligence et de SIG.
Auparavant les applications SIG étaient uniquement centrées sur la cartographie, aujourd’hui, la technologie permet d’injecter la cartographie dans des applications déjà existantes et ainsi apporter un nouvel axe d’analyse pour la prise de décision.
Joris Seznec, Responsable Commercial du secteur Télécom chez Esri France
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