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Par :
Sébastien Aperghis Tramoni

lun, 18/03/2013 - 10:54

En un siècle et demi, le monde de la téléphonie a changé de manière importante sur le plan technologique, sans bouleverser fondamentalement ses mécanismes d'utilisation. Régi par l'Union International des Télécommunications, ou ITU, le plus ancien organisme de l'ONU, l'évolution de cet univers passe par de lentes normalisations, discutées de manière peu transparente. Par Sébastien Aperghis Tramoni - Diabolocom.

En effet, seuls les États et les opérateurs téléphoniques historiques siègent au sein de cet organisme, dont les normes étaient encore récemment difficiles d'accès. Le faible nombre d'acteurs en jeu a permis de maintenir un modèle économique oligopolistique, générateur d'une importante et durable source de profits pour quelques privilégiés.

Une (plutôt faible) partie de ces profits sert néanmoins à moderniser les anciens réseaux, ou à en déployer là où ils n'existent pas, par exemple dans les pays émergents. Quelques nouveaux services ont aussi fait leur apparition, telle l'utilisation du téléphone mobile comme mécanisme de paiement, que ce soit en utilisant des techniques aussi simples que l'envoi de SMS dans de nombreux pays africains, ou au contraire en utilisant les fonctionnalités NFC des téléphones mobiles récents.

Mais ce domaine ronronnant connaît depuis les dix ou quinze dernières années de profonds bouleversements avec dans un premier temps l'arrivée des réseaux IP et protocoles de voix sur IP (VoIP) afférents, et dans un second temps l'apparition de logiciels, libres et ouverts, permettant de remplacer une partie du matériel onéreux. L'intelligence passe du cœur de réseau, où elle était entre les seules mains des opérateurs, vers la bordure. De nouveaux acteurs, en dehors du cercle fermé de l'ITU, ont ainsi pu développer et proposer de nouveaux services, jusqu'alors difficilement envisageables dans le cadre restreint de la téléphonie classique.

Deux points ont été essentiels pour cela. D'une part, la neutralité du réseau, qui garantit une transmission non discriminatoire des données, sans connaissance a priori du contenu, et d'autre part un modèle économique plus souple, abaissant le ticket d'entrée pour de nouvelles entreprises. Ce qui a permis l'émergence de technologies aujourd'hui aussi importantes que le web. Les smartphones en vogue de nos jours sont un autre exemple, les développements étant grandement simplifiés par l'interconnexion entre le réseau téléphonique mobile et Internet.

Au début prise au dépourvu, l'ITU tente de reproduire au niveau des réseaux IP à la fois le modèle de gouvernance et le modèle économique qui ont prévalu sur le réseau téléphonique classique. Lutte contre la neutralité du réseau, mise en place de qualité de service différenciée, surpaiement par l'expéditeur, surveillance du réseau et blocage d'adresses ou de protocoles pour des raisons de protection personnelle ou nationale. Tels sont quelques-uns des angles d'attaque que l'ITU pratique par le biais de lobbying auprès des gouvernements.

Néanmoins, ceux-ci semblent heureusement suffisamment à l'écoute des ONG et entreprises qui ont averti que la désagrégation de l'environnement horizontal d'Internet fera disparaître nombre d'entre elles de taille trop petite pour faire face. Même si les États jouent comme bien souvent un double jeu, où des considérations de politique intérieure ou de géopolitique peuvent intervenir, certains des plus importants ont toutefois une opinion publique et des élections dont ils doivent tenir compte.

Les prochaines années promettent d'être intéressantes à plus d'un titre dans le monde pas si tranquille des télécommunications.

Sébastien Aperghis Tramoni - Diabolocom

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Sébastien Aperghis Tramoni

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