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Frédéric Mazué

ven, 15/06/2012 - 11:35

La crise de l’IPv4 a causé un problème majeur pour les pays en développement qui étaient déjà à court d’adresses IPv4. Mais de nombreuses entreprises américaines et européennes possédant une base importante de clients en IPv4 préfèrent retarder le passage à IPv6, tant qu’elles n’ont pas besoin de toucher les marchés émergents. Cette décision omet cependant certains facteurs essentiels, notamment le fait que, depuis 2008, l’économie mondiale est centrée sur la zone Asie-Pacifique : la Chine et les autres pays de cette région ont dépassé beaucoup de pays européens par leur importance économique, et dans de nombreux secteurs, les entreprises doivent tenir compte de ces nations et des autres pays émergents pour assurer leur rentabilité. Par Dirk Marichal, vice-président EMEA d'Infoblox.

On constate de plus une explosion du nombre d’appareils basés sur IP dans tous les pays. Le modèle IPv4 original supposait un environnement relativement statique et prévoyait une adresse IPv4 unique pour environ les deux tiers de la population mondiale, ce qui semblait beaucoup (cette estimation était basée sur l’hypothèse d’un PC sur le bureau de chaque travailleur). Mais elle ne prenait pas en compte les adresses supplémentaires nécessaires pour les PC domestiques, les téléphones SIP, les portables, les iPad, les smartphones, les millions de consoles de jeux, de systèmes d’alarme sous IP, etc. En conséquence, même pour les entreprises qui n’ont pas d’activité à l’étranger, la prolifération des appareils locaux épuisera bientôt le stock d’adresses restant.

Dans tous les cas, si la présence de votre entreprise ne s’appuie que sur l’IPv4, vous ne pourrez communiquer qu’avec les appareils possédant une adresse IPv4. Pour un nombre croissant d’appareils en pur IPv6, vous serez invisible.

Bien que le pouvoir d’achat connaisse des hauts et des bas en Europe et aux États-Unis, il continue à augmenter en Asie et dans d’autres marchés émergents. Les marques de luxe occidentales conservent une place majeure dans le monde entier. Elles doivent donc développer leur présence dans les régions où la richesse augmente, ce qui signifie qu’elles doivent se préparer au passage à IPv6. Ce principe s’applique également, dans une certaine mesure, à la plupart des entreprises de grande distribution.

Dans un domaine tout à fait différent, les établissements d’enseignement supérieur occidentaux les plus prestigieux, comme Cambridge au Royaume-Uni, Harvard aux Etats-Unis, et beaucoup d’autres universités américaines et européennes, bénéficient d’une excellente image de marque aux yeux du reste du monde et dominent le classement des établissements internationaux. Les réductions forcées du financement des bourses et autres aides aux étudiants impliquent que les étudiants étrangers vont devenir une source de revenus vitale. Ces établissements sont donc en concurrence pour attirer les étudiants des marchés émergents.

Il n’y pas seulement la question de la visibilité vis-à-vis des étudiants potentiels. L’activité d’enseignement est elle-même de plus en plus dématérialisée et il est possible de suivre des cours et d’obtenir des qualifications par Internet partout dans le monde. Cette tendance est démontrée, par exemple, par la volonté de l’Union européenne de développer l’e-Enseignement et l’e-Administration. Le maintien de la population étudiante repose donc sur le passage à IPv6.

Dans le secteur de la fabrication, le problème n’est pas tant l’entrée sur de nouveaux marchés que le maintien de l’efficacité maximale des opérations. En effet, les processus industriels sont de plus en plus sous-traités dans des pays comme la Chine, la Corée ou l’Inde. Cette fabrication globale et les partenariats qui l’accompagnent exigent une présence IPv6 globale.

Il existe aussi des cas particuliers qui imposent le passage à IPv6. Par exemple, un grand constructeur automobile à mis en place la connectivité IP dans tous ses véhicules et dans le monde entier pour que la maintenance et les principaux paramètres de fonctionnement (comme la consommation de carburant, le niveau d’huile ou la pression des pneus) puissent être continuellement surveillés dans le cadre d’un contrat de service. Cette prolifération d’adresses IP exige une bonne préparation à IPv6. Cette entreprise a donc dû adapter son réseau pour lui permettre de gérer les adresses IPv6, plus longues, et la complexité d’un adressage à double pile.

L’adressage IPv6 ouvre un nouvel univers où une pléthore d’appareils domestiques et professionnels disposeront de leur propre adresse IP, depuis les systèmes d’alarme jusqu’aux décodeurs. Les fabricants qui se préparent à cette révolution vont suivre la même évolution que ce constructeur automobile.

Il s’agit d’un changement majeur. Mais les solutions les plus récentes de gestion des adresses IP et d’automatisation des DNS réduiront le risque d’erreur humaine, simplifieront la migration et rendront la gestion des changements dans les réseaux plus transparente.

Les gouvernements sont aussi tout à fait conscients de l’avantage concurrentiel que représente l’adoption précoce d’IPv6. De plus en plus d’initiatives publiques sont lancées, notamment aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves, mais aussi en Turquie et en Espagne, récemment. Elles ont pour objectif de promouvoir, voire de financer l’adoption nationale d’IPv6.

La migration complète est un investissement à long terme, mais la stratégie de préparation à IPv6 devrait déjà être au programme dans la plupart des entreprises.

Dirk Marichal, vice-président EMEA d'Infoblox

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