mer, 14/12/2011 - 14:23
Internet est souvent perçu comme virtuel. Or Internet, c’est avant tout la mise en relation de serveurs et d’ordinateurs ou de ressources informatiques via des routes appelées réseaux. Si les usages numériques devant révolutionner l’utilisation des transports restent encore marginaux, les tendances du Cloud laissent quant à eux présager une nouvelle dynamique vers l’Internet Vert. Par Frédérique DOFING, Directeur Général de CELESTE.
La décentralisation annoncée par les nouveaux usages numériques n’est pas encore au rendez-vous. Le télétravail et la visio-conférence restent encore des outils culturellement mal perçus ; les déplacements professionnels ont certes un peu baissé mais plus du fait de la réduction des budgets des entreprises... De plus, en y regardant de plus près la multiplication des commandes en ligne ne favorisent pas tant que cela la réduction des transports de marchandise ou des déchets d’emballage.
Si les usages ne permettent pas encore la révolution verte, on peut observer que l’industrie numérique s’efforce quant à elle de relever ce défi, ne serait-ce que pour des questions d’économie. Prenons les composants de l’industrie numérique un à un
- Réseaux : le smart grid restera probablement marginal en France et dans les pays développés, même si intellectuellement la fusion multi-usages des réseaux est très intéressante ; la vraie révolution c’est le passage du cuivre (de plus en plus onéreux) vers la fibre optique. Quelques soient les débats actuels sur la rapidité des déploiements, la fibre optique gagne du terrain et c’est tant mieux car elle offre de vrais atouts écologiques : légèreté, recyclage, pose…
- Serveurs : trois composants sont à prendre en compte : puissance, consommation électrique et matériaux. Pour ces derniers, l’acier souvent utilisé ne pose pas de problème majeur en termes de production ou de recyclage. C’est plutôt le cœur du serveur qui reste intéressant à étudier. Les travaux sur la puissance et l’émission de chaleur, notamment avec le projet Moon Shot d’HP, sont extrêmement prometteurs. En effet, avec une réduction à la source de la consommation électrique tant pour l’usage que pour le refroidissement, les clés du green IT sont en train d’émerger.
En complément, la virtualisation des serveurs constitue elle aussi une grande avancée. Compte-tenu des besoins de stockage, de sauvegarde de données des entreprises et de haute disponibilité (serveur miroirs), la croissance des besoins est exponentielle.
La virtualisation permet de multiplier la puissance d’un serveur en partageant plus facilement des serveurs mutualisés ou en multipliant les usages des serveurs dédiés.
Compte-tenu du coût des solutions actuelles de virtualisation, on peut imaginer que de nouvelles sources d’innovation restent à creuser et que des offres de clusters open-source vont émerger rapidement.
- Centres informatiques de données : les datacenters consomment comme de petites villes ! tant pour les serveurs hébergés que pour leur fonctionnement intrinsèque. La réutilisation de la chaleur est intéressante mais insuffisante. La réflexion doit porter sur le rendement énergétique global, avec des mesures précises et évaluation des dommages collatéraux (projets sur les nappes phréatiques ou banquises). Le free-cooling est vraiment très intéressant à cet égard ; il doit pourtant être couplé avec une exigence de haute disponibilité et haute densité sans quoi ces datacenters ne répondront pas aux exigences de nouvelles générations de serveurs. Reste ensuite à creuser la question des matériaux de construction et la source de l’énergie… sujet de réflexion plus complexe.
- Applications : le calcul de la consommation énergétique d’une application est très tendance et les préconisations se multiplient : pas de fash, choix des CSS... Il est probable que ces normes intégreront peu à peu les cahiers des charges des développeurs et des SSII… dans quelques années…
- Postes de travail : le rêve serait un bureau sans ordinateur, câbles et autre périphérique. Et cela est en train d’arriver ! La virtualisation et le cloud permettent d’accéder à toutes les ressources informatiques grâce aux réseaux informatiques. On pourrait disposer d’outil de communication simplifié accédant à toutes les données, applications… et d’une certaine façon nous vivons déjà cette réalité. Restent ensuite les exigences de sécurité, confidentialité et contrôle.
Ainsi, la révolution verte sera-t-elle le fruit de l’informatique dans les nuages ? Cette vision poétique le laisse le présager. Tout comme on peut espérer que la révolution numérique des entreprises devienne un des piliers de l’innovation et de croissance.
Frédérique DOFING, Directeur Général de CELESTE
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