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Par :
Guilhem Duché

mer, 26/10/2011 - 14:26

Le succès récent et croissant du système d’exploitation Android est souvent relativisé, beaucoup le présentant comme une version « low cost » par rapport à la référence dans ce domaine que représente l’iPhone. La réalité est en fait bien différente. Par Guilhem Duché, Responsable mobilité Gfi Rennes.

L’iPhone d’Apple, sorti à l’été 2007, a constitué une véritable révolution dans le monde du smartphone, reléguant sur le coup les références Blackberry de RIM et celles de Nokia au rang d’antiquités. Cette révolution se traduisait à la fois par une interface tactile multipoint aussi originale qu’intuitive que par un modèle de distribution sur cette plateforme particulièrement novateur.

Android : la contre-attaque de Google

La réponse de Google dans le domaine ne s’est pas faite longtemps attendre, avec la sortie de la première version du système d’exploitation mobile Android en avril 2009. Rapidement Android a fait preuve de réelles qualités et spécificités. Tout d’abord, Google a su reprendre les standards imposés par la révolution iPhone : une navigation aisée tirant profit des écrans tactiles, un ensemble logiciel convainquant couvrant les fonctionnalités de base attendues par les utilisateurs de smartphones (web, e-mail, multimédia…), enfin un kit de développement complet et une plateforme de distribution permettant aux développeurs de tirer profit de leurs applications.

À ces qualités, Android ajoute certaines spécificités qui le distinguent du smartphone de la marque à la pomme :

- Android est un système d’exploitation ouvert. Là où Apple vend le matériel (l’iPhone) et le système d’exploitation (iOS), Google ne fait que fournir un système d’exploitation que les constructeurs (Samsung, HTC…) peuvent gratuitement intégrer dans leurs smartphones. Cela a permis l’émergence de formats de smartphones variés, mais aussi la création de gammes tarifaires pour tous les consommateurs. Le smartphone devient accessible.

- L’Android Market est moins fermé que l’AppStore. Là où la publication d’une application iPhone est soumise à validation d’Apple, la publication sur l’Android Market est plus libre et son accès moins coûteux. Cette ouverture est d’autant plus intéressante qu’il n’est pas obligatoire de passer par l’Android Market pour installer une application. Ceci permet l’émergence d’autres sources d’applications comme l’Amazon Appstore par exemple.

- Le choix du langage Java en fait une plateforme facile d’accès au premier abord pour beaucoup de développeurs et permet la réutilisation de librairies de l’écosystème Java.

- Android présente des spécificités ergonomiques appréciées parmi lesquelles la barre de notification affichant à tout instant l’état du téléphone ainsi que des informations pertinentes pour l’utilisateur, et l’utilisation de bureaux virtuels : l’utilisateur peut personnaliser l’interface et y ajouter des widgets comme il le ferait sur son ordinateur.

- Enfin, les services à succès de Google sont très bien intégrés au téléphone : Gmail, Gtalk…

Si l’on ajoute à cela le cycle de développement et d’évolution rapide choisi par Google, on se trouve en présence d’un système qui est en perpétuelle évolution afin de correspondre au mieux aux attentes des utilisateurs et aux besoins du marché. C’est d’ailleurs le cas de la nouvelle version d’Android, la 4.0, qui apporte encore son lot d’innovations avec par exemple la reconnaissance faciale pour débloquer son téléphone, ou encore des améliorations conséquentes pour échanger des données par le biais des NFC (communication sans contact). Terrain particulièrement innovant sur lequel Apple a délibérément choisi de ne pas se positionner.

Plus qu’un concurrent de l’iPhone

Ce constat sur la crédibilité de l’environnement Android fait d’ores et déjà parti du passé. Il y a déjà plus d’un an qu’Android est passé du statut de simple menace pour l’hégémonie d’Apple à celui de concurrent majeur, voire même de leader du marché dans certains pays.

À l’heure actuelle Google affirme que 550 000 activations de périphériques Android sont réalisées chaque jour. Ce chiffre n’est que l’un des nombreux indices traduisant la croissance exceptionnelle d’Android. Aux Etats-Unis, les téléphones sous Android ont dépassé les 50% de parts de marché contre 29% pour iOS. Dans le monde, c’est à l’heure actuelle la plateforme la plus vendue avec une part de marché de 48% sur les ventes de smartphones.

Ce succès s’amplifie en bonne partie grâce à l’ouverture de la plateforme. Le nombre de constructeurs intégrant Android ainsi que les périphériques qu’Android adresse est en constante augmentation. Les tablettes et les télés connectées font désormais partie du périmètre d’Android, à l’instar encore une fois d’Apple avec l’iPad et l’Apple TV.

Une plateforme qui reste complexe

L’ouverture de la plateforme et l’apparente simplicité de développement sont autant responsables du succès d’Android que des critiques qui lui sont formulées. La fragmentation du marché Android est considérable et impacte fortement le développement d’applications. Elle prend plusieurs formes :

- Les types de périphériques supportés : les smartphones, les lecteurs multimédias (baladeurs audio/vidéo), les tablettes et maintenant même les télévisions connectées sont autant de supports avec leurs spécificités à prendre en compte.

- Les versions d’Android : elles sont nombreuses avec chacune leurs défauts et leurs améliorations. La nouvelle version d’Android(4.0) réuni les versions smartphones, tablettes et TV en une seule, mais il faudra toujours composer avec un parc de périphériques déjà très conséquent.

- L’écosystème matériel : chaque constructeur est libre sur le matériel qu’il intègre dans les périphériques Android qu’il développe. Il en découle une grande disparité sur le matériel à gérer : différentes résolutions d’écrans, présence ou non d’un GPS, d’un accéléromètre, puissance du processeur variable…

Au regard de ces éléments on comprend bien toute la difficulté de développer et tester une application qui fonctionne au mieux dans l’ensemble de l’écosystème Android.

Un développement qui doit s’inscrire au cœur d’une stratégie mobile

Au-delà de la maîtrise technique, le développement d’une application Android réussie passe nécessairement par un respect des pratiques d’ergonomies de la plateforme, ainsi que la réalisation d’un design de qualité.

De plus, on ne peut pas décorréler le développement d’une application mobile Android d’une stratégie globale de l’entreprise éditrice vis-à-vis de la mobilité. Celle-ci doit tenir compte de l’écosystème mobile déjà très fragmenté, tant en terme de périphériques : smartphones, lecteurs multimédias et tablettes, qu’en terme de système d’exploitations : iOS, Android, BlackBerry OS, Windows Phone 7, Bada…

Cette stratégie doit enfin comporter un volet marketing important : dans le lancement réussi d’une application mobile, c’est près de 60% du budget qui doit être investi dans ce domaine.

Android est donc clairement une plateforme à la fois novatrice et complexe. Si son avenir paraît radieux, la réussite d’un projet Android doit passer par quatre éléments essentiels : une véritable expertise technique, une ergonomie irréprochable, un design attrayant et une stratégie marketing forte pour porter le tout.

Guilhem Duché, Responsable mobilité Gfi Rennes

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