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Par :
Florianne Duguay

ven, 16/09/2011 - 14:46

Le très haut débit est aujourd’hui considéré par le gouvernement et les collectivités territoriales comme un enjeu stratégique pour la France. Dès 2006, l’Etat a souhaité soutenir l’équipement des zones d’activité en très haut débit (ZA THD). Ainsi, le label THD a été mis en place pour permettre la reconnaissance des zones d’activité qui auront pris en compte ce nouveau besoin des entreprises. Quels bénéfices en retirent les entreprises ? Aux vues de la réalité du terrain, quelles sont les obstacles à surmonter ? Florianne Duguay, Responsable Sales & Marketing Kleverage pour P&T Consulting lève le voile sur les implications méconnues de ce label. 

Les objectifs du label sont bien définis et répondent aux enjeux stratégiques que représentent le développement de la fibre optique. Il s’agit de valoriser les efforts des aménageurs de zones d’activités et des collectivités territoriales qui ont décidé d’offrir le très haut débit à leurs entreprises. Ce label permet également de donner une visibilité sur la disponibilité de réseaux à très haut débit, aux entreprises déjà présentes ou désirant s’installer sur une zone d’activité.

Le nouveau volet THD (Très Haut Débit) version ZA ou ZI, rencontre les mêmes contraintes que l’installation de la fibre chez les particuliers. Fibrer un nouvel immeuble n’implique pas que la fibre optique soit accessible pour chacun des habitants. Il faut qu’un opérateur mette en place les installations verticales à tous les étages, et horizontalement le long des paliers, pour que l’ensemble du bâtiment soit couvert. Avant de commencer ces travaux, l’opérateur doit donc s’assurer qu’il aura un nombre d’abonnés suffisant pour avoir un retour sur investissement des travaux effectués. Il en va de même pour une zone d’activité.

L’idée du label est donc pertinente mais elle ne va pas jusqu’au bout de la démarche. En effet, comme pour les immeubles de particuliers, un nœud de raccordement optique à l’entrée d’une ZA ou ZI ne garantie pas que toutes les sociétés soient fibrées. Tout dépend de la volonté économique des opérateurs. Le label n’assure donc pas à l’entreprise que la fibre arrive à sa porte, son objectif premier est d’attirer les sociétés dans une ZA fibrée afin de créer des regroupements économiquement forts, où la demande soit suffisante pour un opérateur. Toute la subtilité est là. Le label devra donc être beaucoup plus précis et transparent pour attirer véritablement les entreprises.

Il y a quelques années, lorsque l’on proposait des offres fibre optique aux entreprises, elles étaient très méfiantes car très mal informées. Les clients étaient persuadés d’être connectés rapidement, en n’ayant que le montant du débit choisi à payer tous les mois. Hors, il est nécessaire d’effectuer des travaux de génie civil pour installer la fibre, ce qui dépasse en général le budget alloué par les entreprises à l’installation. Alors quand on leur annonçait le montant des FAS (frais d’accès aux services) à payer et le délai pour faire creuser les tranchées nécessaires, elles préféraient abandonner le THD et multiplier le nombre de liens xdsl…

Actuellement, les entreprises voulant être équipées en fibre optique dans une ZA labellisée ont deux possibilités. La première est de faire arriver une fibre noire par un opérateur habilité qui la mettra en service au gré des demandes de débit. Cette solution a l’avantage d’offrir une grande souplesse en fonction de la demande. La deuxième option consiste à passer par des débits imposés. Dans ce cas là, il faut avoir un débit important, de plusieurs centaines de mégas ou de gigas bytes, pour rentabiliser le coût des FAS.

En effet ces coûts comprennent les travaux de génie civil, c'est-à-dire l’ouverture de tranchées depuis le point de raccordement optique jusqu’au pied de l’entreprise désireuse de passer en fibre optique. Or dans ces zones d’activité, il est bien souvent difficile de savoir exactement où est positionné le point de raccordement optique, ce qui accroit les contraintes et délais des chantiers…

A l’heure actuelle, le label THD est donc un peu « poudre aux yeux », une manière de faire patienter et de calmer la forte demande et la confusion des entreprises et des opérateurs. Selon moi, les modalités du label doivent être retravaillées pour assurer aux entreprises un emplacement privilégié sans décevoir leurs attentes.

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Florianne Duguay

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