Mandaté en décembre 2012 par Mme Fleur Pellerin, ministre délégué au numérique, Tariq Krim, fondateur de Netvibes et de JoliCloud a remis son rapport le 25 mars dernier.

Un rapport assez accablant pour les pouvoirs publics en ce qui concerne le numérique en France. Tariq Krim estime qu'il n'y a pas de vision matérialisant les ambitions de notre pays dans le numérique.

Pourtant, en France, ce ne sont pas les talents qui manquent, bien au contraire. Et Tariq Krim de mentionner une anecdote au début de son rapport: "Lorsque je travaillais dans la Silicon Valley, il y avait une rumeur persistante : derrière tout projet majeur, il y avait toujours un développeur français pas loin. Cette situation n'est d'ailleurs pas nouvelle. De nombreux pionniers de l'informatique sont français mais, à l'instar de ses scientifiques, la France n'a jamais su ni les valoriser, ni les médiatiser."

Pour montrer que la France est remplie de talents, Tariq mentionne dans son rapport 100 développeurs français qui ont marqué le numérique. Par exemple Romain Guy, ex-développeur de l'équipe officielle d'Android, Jean-Luc Vaillant, cofondateur de LinkedIn, Ludovic Champenois, ingénieur Google Cloud Platform.

En France et en Europe on ne sait pas miser sur les gens

Au micro de BFMTV Tariq Krim a commenté son rapport en soulignant qu'en France et en Europe on ne sait pas miser sur les talents. "En Europe on n'a pas su miser sur les gens, sur les entrepreneurs. On a préféré faire des grands projets, décrété qu'on allait faire un concurrent à Google et donc les ministres européens ont signé un décret : nous allons faire le concurrent de Google. Or ça ne marche pas comme ça".

Dans son rapport Tariq Krim propose ainsi de valoriser les success stories du web et du logiciel : "Si nous avons du mal à nous imposer sur la scène internationale (l'absence de la France du club  de grandes plateformes Internet en témoigne), ce n'est pas faute de talents français. Ces "success stories" françaises proviennent d’ingénieurs formés dans nos meilleures écoles, mais souvent aussi d'autodidactes comme Xavier Niel ou Octave Klaba 5OVH), immigré polonais arrivé  en France en 1990."

Tariq Krim estime aussi que la France gagnerait "à promouvoir des développeurs aux postes de responsabilité pour la conduite des projets numériques." et qu'il faudrait adapter les conditions d’accès au financement à l’innovation en France. Les guichets de financement public ayant tendance à favoriser les acteurs établis plutôt que les startups. "Certains entrepreneurs m'ont avoué qu'ils veillaient à rendre leurs projets moins disruptifs pour avoir une chance d'obtenir des rendez-vous."

6 Recommandations à l'intention des pouvoirs publics

A la fin de son rapport, Tariq Krim donne 6 recommandations à l'intention des pouvoirs publics pour faire évoluer les choses

1. Prendre en compte le rôle essentiel des développeurs (L’univers des développeurs bénéficie en France d’une faible reconnaissance. Ils sont souvent considérés comme des exécutants. Les développeurs sont dans un angle mort : on ignore leur nombre. On ne sait pas grand chose sur leurs trajectoires, leurs qualifications.)
2. Une feuille de route technologique pour l’État, les ministères et les  opérateurs publics
3. Promouvoir les développeurs dans l’administration
4. Adapter les conditions d’investissement pour soutenir les projets technologiques
5. Formation des développeurs
6. Visa de travail pour les développeurs venant en France