ven, 19/12/2014 - 11:46
Cela fait bien longtemps que le téléphone portable est définitivement entré dans notre quotidien. C’est un fait. Désormais, près de 3/4 des téléphones vendus en France sont des smartphones, et plus d’un Français sur deux en possède un[1]. Mais ces téléphones connectés envahissent l’univers de nos enfants.
De plus en plus équipés… et connectés 24/24h
Auparavant, les parents qui offraient un téléphone à leurs enfants le faisaient habituellement à l’occasion de l’entrée au collège. C’était là un moyen d’être rassurés, de pouvoir les contacter ou être appelés en cas d’urgence. Bref, cela partait d’un bon sentiment. Déjà en 2009, 73% des 12-17 ans étaient équipés d’un mobile[2]. Cette tendance s’accélère aujourd’hui, puisqu’ils sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreux à posséder un téléphone portable, qui est la plupart du temps un smartphone.
Pour un adolescent, avoir un smartphone c’est pouvoir conserver un lien permanent avec sa communauté. Malheureusement, cela engendre bien souvent une utilisation massive du mobile. Or 73% des téléphones vendus aujourd’hui en France sont des smartphones1, c’est à dire qu’ils permettent de surfer sur le Web. Connectés 24/24h, nos enfants se couchent et se lèvent avec leur téléphone. Celui-ci a même pris la place qu’occupait auparavant leur doudou : sous l’oreiller.
Et les parents manquent bien souvent de vigilance. Nous avons oublié qu’un smartphone est aujourd’hui le prolongement d’un ordinateur. On peut, grâce à ce petit appareil de poche à priori anodin, accéder aux mêmes contenus qu’avec la machine de salon... et donc faire les mêmes erreurs : mauvaises rencontres, vol de données (photos, identifiants), etc. Alors que nous pensons à verrouiller nos ordinateurs avec mots de passe, accès limités et contrôle parental, nous oublions de le faire pour les téléphones de nos bambins.
Les solutions
Il existe bien des solutions pour protéger nos enfants d’un mauvais usage de leur mobile :
1/ L’activation du contrôle parental via l’opérateur télécom.
Chaque opérateur propose ce service (généralement gratuit), soit à la demande ou à l’ouverture de la ligne. Il permet d’empêcher l’accès à :
- Internet ;
- des contenus avec une limite d’âge ;
- des services inappropriés, des sites de rencontres, etc.
Mais ce dispositif ne fonctionne que pour le réseau téléphonique 3G/4G, et est inefficace avec une connexion Wifi.
2/ L’installation d’une application de contrôle.
Certaines sont gratuites, mais la plupart sont payantes car elles proposent plus de fonctions que le simple contrôle parental. Citons notamment Kids place, Parents dans les parages, Mobicip (iOS) et Mobile by Gulli. Grâce à elles, il est possible de :
- gérer les applications téléchargées ;
- faire un filtrage par âge ;
- faire un contrôle horaire ;
- avoir un rapport d’activité ;
- visionner les appels et sms reçus et émis.
Malheureusement, elles ne sont pas vraiment efficaces car il est relativement aisé de les contourner. Comme pour toute protection, ce n’est qu’une question de moyen et de motivation.
3/ Des restrictions activées directement sur le téléphone.
Elles peuvent être paramétrées sur le téléphone grâce à des codes secrets. Il s’agit là d’une solution à priori radicale, mais également contournable simplement en réinitialisant l’appareil.
Sensibiliser plutôt qu’interdire
En résumé, toutes les options de contrôle et de blocage disponibles peuvent être contournées. Il suffit pour cela de taper une requête sur Google, et des dizaines de solutions apparaissent. Nos enfants sont nés avec ces objets et outils numériques. Ils sont donc tout à fait capables d’aller chercher les informations dont ils ont besoin. Souvent bien mieux que nous. De plus, ces solutions sont intrusives et parfois invasives. Qu’en est-il alors de la relation de confiance indispensable entre un parent et son petit ?
A contrario d’une attitude totalement détachée et permissive, qui pourrait avoir des conséquences graves à l’âge ou les enfants se construisent, des solutions plus simples sont à la portée de tous :
1/ Surveiller.
Vérifier et s’informer des sites visités par l’enfant, simplement en le lui demandant. Jeter un œil aux contenus qu’il publie sur les réseaux sociaux, en y étant présent comme ami par exemple.
2/ Sensibiliser.
Rappeler à l’enfant l'importance de réfléchir avant d'envoyer un sms ou un mail. Les messages peuvent être mal interprétés et transmis à d'autres personnes. Lui dire également de ne donner son numéro de téléphone qu'aux personnes qu'il connaît et de ne pas divulguer d'autres numéros sans en avoir obtenu l'autorisation. L’encourager à ignorer les messages reçus de personnes qu'il ne connaît pas. Le sensibiliser quant aux images qu’il publie sur les réseaux sociaux : faire attention qu’elles ne soient pas visibles par tous, qu’elles ne soient pas subjectives, et que l’on ne puisse pas géo-localiser le lieu où elles ont été prises. Enfin, lui suggérer de protéger son téléphone avec un mot de passe.
Et l’éducation des parents ?
Bien souvent, nos enfants sont plus au fait des technologies que nous. Tous ces conseils restent donc bien abstraits pour qui n’est pas lui-même déjà sensibilisé aux problématiques de sécurité des smartphones. Il y a donc un effort pédagogique à faire afin d’expliquer aux parents les dangers encourus par leurs enfants et les moyens pour les protéger. Une première étape simple, serait par exemple de former les vendeurs télécoms aux messages de préventions à transmettre aux parents lorsqu’ils achètent un téléphone à leur enfant, puisque celui-ci ne l’acquiert pas tout seul. Il est à priori simple d’expliquer aux parents que, s’ils ne prennent pas de précautions, c’est comme s’ils achetaient un premier vélo à leur enfant, et le laissaient se lancer sur les routes sans roulettes, sans casque et sans lui avoir expliqué les bases du code de la route.
[1] Source : Baromètre trimestriel du Marketing Mobile Mobile (septembre 2014), Marketing Association (MMA) France en partenariat avec comScore, GfK et Médiamétrie.
[2] Source : étude TNS Sofres «Les adolescents, leur téléphone portable et l'Internet mobile » (octobre 2009).
A propos de l'auteur