mar, 23/08/2016 - 14:24
La réalité dépasse désormais la fiction grâce à une modélisation en trois dimensions que les développeurs cherchent en permanence à améliorer et à transformer. Les deux principales technologies développées comprennent la réalité virtuelle (RV) et la réalité augmentée (RA). Elles disposent d’un mode de fonctionnement différent et répondent chacune à des objectifs spécifiques. Cependant, l’une et l’autre nécessitent une infrastructure fiable, évolutive et hyperconnectée afin de tirer au mieux parti des opportunités qu’elles peuvent représenter.
Fabrice Coquio, président d’Interxion France, fait le point sur les 4 principales caractéristiques qui les différencient afin de mieux saisir les particularités propres à chaque technologie.
1. Réalité distincte vs. Réalité transformée
La réalité virtuelle « transporte » l'utilisateur dans une réalité différente de la sienne. Elle permet par exemple de voyager dans le temps et l'espace, de pouvoir voler ou encore de nager au fond des mers... Elle propose une expérience dans un monde parallèle et différent au sein duquel il est possible d’interagir. L’expérience est immersive car la déconnexion avec la réalité est totale (visuelle et auditive), et seuls quelques sens permettent à l’utilisateur de se raccrocher à son environnement réel.
La réalité augmentée utilise, quant à elle, l’environnement réel de l'utilisateur pour lui fournir des informations numériques avec lesquelles il va pouvoir interagir. Elle superpose ainsi des éléments virtuels à ce qu’il perçoit déjà dans la réalité. La réalité perçue est alors augmentée en apportant des informations digitales qui viennent enrichir l’environnement réel de l’utilisateur. Le jeu Pokémon Go en est un exemple parlant, son succès mondial témoignant bien de l’attrait pour cette technologie.
2. Dépendance vs. Indépendance
La réalité virtuelle s'appuie sur une ancienne méthode appelée la stéréoscopie, qui montre une image légèrement différente à chaque œil pour créer une sensation tridimensionnelle. Il est nécessaire d'utiliser un appareil pour isoler visuellement l'utilisateur du monde réel, comme les lunettes Oculus Rift. Outre les effets visuels, il est également possible d’interagir dans cette autre réalité grâce à des accessoires tels que les gants connectés, qui permettent de « manipuler » plus facilement des informations digitales ou des objets virtuels.
En comparaison, l’utilisateur n’a pas besoin de porter un équipement spécifique pour profiter de la réalité augmentée, mais un téléphone portable ou un écran interactif peuvent être nécessaires pour afficher les informations perçues dans la réalité augmentée. Toutefois, plusieurs entreprises travaillent actuellement sur le développement d’appareils intégrant la technologie de la réalité augmentée pour rendre l'expérience utilisateur encore plus interactive. C’est notamment le cas de Microsoft qui a choisi de miser sur le potentiel de la réalité augmentée en développant les lunettes HoloLens, dont l’objectif est de libérer l'utilisateur de l'écran fixe avec des projections holographiques sur un support physique, comme un mur ou une table. On se souvient à ce titre du succès de la démonstration holographique de Minecraft utilisant la technologie HoloLens le 15 juin 2015, lors de la conférence E3.
3. Applications spécifiques vs. Diversité des domaines d’application
Si la réalité virtuelle est davantage utilisée dans le cadre du divertissement numérique, la réalité augmentée est utilisée à des fins très variées et a su révolutionner de nombreux secteurs tels que le sport, l'information, ou encore l’automobile. Elle est également présente dans des domaines plus inattendus comme la médecine, avec par exemple la visualisation des vaisseaux sanguins projetés directement sur la peau du patient.
La réalité augmentée peut également être utilisée comme un outil d’aide pédagogique. Intégrée à Google Translate, l’application WordLens utilise la caméra d’un smartphone pour capturer le texte et le traduire instantanément dans la langue souhaitée.
4. Commercialisation matérielle vs. Commercialisation de services
Si la réalité virtuelle mise sur la vente de produits, la réalité augmentée privilégie davantage l'interaction. Avec l’utilisation massive des smartphones, les casques de réalité virtuelle commencent à se démocratiser auprès d’un large public avec des prix s’échelonnant entre 100 et 800 euros pour les plus performants. L'utilisateur peut alors projeter des films ou des jeux vidéo dans une toute autre réalité. Dans la majorité des cas, la vente de l’appareil constitue le seul enjeu commercial.
En revanche, dans le cas de la réalité augmentée, la dimension commerciale tient à la vente en ligne de produits et de services. Par exemple, une application d’agencement de mobilier de salon peut proposer un lien redirigeant l’utilisateur vers le site web du magasin afin de faciliter l’achat d’articles.
Ces deux technologies présentent des caractéristiques bien distinctes et reposent sur un mode de fonctionnement différent. Cependant, qu’elle soit augmentée ou virtuelle, la réalité reste la même pour ces technologies à qui l’on promet un avenir radieux. Toutefois, il convient de rappeler que ce succès n’aura lieu que si la performance des applications est assurée.
En effet, certains utilisateurs d’appareils de réalité virtuelle ont ressenti des vertiges et des malaises en raison de décalages entre l’affichage des images et leurs mouvements.
Les temps de latence doivent donc être réduits au maximum pour proposer une expérience utilisateur optimale, sans quoi, l’attrait pour ces applications restera limité.
Les infrastructures doivent par ailleurs pouvoir être en mesure de supporter les pics de sollicitation liés à une augmentation soudaine du nombre d’utilisateurs, et ainsi éviter les ruptures de services. Certains joueurs de Pokémon Go en ont fait l’amère expérience et ont dû patienter avant de pouvoir lancer leur carrière de dresseurs en raison de pannes de serveurs au Japon et aux États-Unis notamment. Pour répondre aux enjeux de performance, le choix des data centers, de leurs caractéristiques en matière de connectivité, et plus particulièrement de leur emplacement, sont donc des critères essentiels.
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