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Par :
Henrik Jacobsen

mer, 09/10/2013 - 13:32

Pour Henrik Jacobsen, Technical Services Manager de Micro Focus en France, le mainframe reste et doit rester un maillon clé des systèmes d’information. Il est tout à fait en mesure d’accompagner les évolutions de l’entreprise en continuant à garantir de très hautes performances et des niveaux de sécurité inégalés. Reste toutefois à encourager la formation de développeurs pour pérenniser ces systèmes légendaires.

Bien que leur disparition soit annoncée depuis des décennies, les mainframes sont encore bien présents dans de nombreux secteurs d’activité où ils restent les principaux systèmes sur lesquels s’appuient les entreprises. Du reste, on note que les ventes de mainframes chez IBM ont augmenté de plus de moitié depuis le début de l’année.

Toutefois, la donne serait en train de changer. Le mainframe, qui en apparence pouvait répondre à tout, aurait du mal à suivre le rythme des attentes de plus en plus fortes des clients avides d’information et attirés par de nouvelles tendances comme le cloud computing. A cela s’ajoutent les défaillances retentissantes de certains mainframes qui ont plombé non seulement la qualité de service mais aussi la réputation (et le cours de l’action) de plusieurs grandes entreprises.

Le mainframe pourra-t-il surmonter les trois principaux inconvénients qui lui sont généralement associés : coût élevé, pénurie de développeurs spécialisés et inadéquation à l’informatique moderne ?  Force est de constater que le mainframe peut et doit être considéré comme tout aussi pertinent aujourd’hui qu’hier. Plutôt que de le qualifier d’environnements « historiques », il serait souvent nettement plus approprié de parler de « systèmes légendaires » car c’est sur eux que repose l’activité de beaucoup d’entreprises et c’est vers eux que doivent être dirigés les efforts de gestion, d’investissement et d’innovation nécessaires pour assurer son avenir.

Une performance pas si chère payée

Dans bon nombre de grandes entreprises, le mainframe est considéré comme puissant, sûr et incomparable sur le plan de la fiabilité. Il est jugé aussi économique et très performant. Un avis corroboré par l’étude que vient de publier BMC Software et dont a parlé LeMagIt. Toutefois lorsque la consommation CPU d’une application augmente ou que celle-ci réagit trop lentement par rapport aux besoins de temps réel des utilisateurs, le caractère économique des mainframes est souvent remis en question, soit parce que le coût par MIPS ou MSU continue d’augmenter et implique à son tour une mise à niveau du matériel, soit tout simplement parce que ces systèmes deviennent trop complexes et trop chers à maintenir.

Si les entreprises veillent à ce que leurs mainframes soient toujours en phase avec l’évolution de la technologie et aient connaissance du taux de charge qu’ils doivent supporter, elles éviteront les mauvaises surprises que sont la détérioration de la qualité de service, la hausse des coûts ou le besoin de mises à niveau matérielles non-programmées.

Pénurie annoncée de développeurs mainframes ?

A cette idée fausse sur le coût, s’ajoute le manque de formations supérieures qui privent les mainframes de professionnels compétents susceptibles de garantir leur survie et leur développement. La pénurie de développeurs dans les différents langages pour mainframe est en effet un problème majeur dans la plupart des entreprises qui optent soit pour l’externalisation – tendance forte sur ces dix dernières années – soit envisagent de remplacer leur mainframe par une solution prête à l’emploi.

Une étude Micro Focus réalisée récemment auprès de 100 universités à travers le monde a montré que près de trois quarts des professeurs enseignant l’informatique à l’université n’ont pas inclus le COBOL dans leur cursus alors que 71 % d’entre eux estiment que les entreprises actuelles continueront de s’appuyer sur des applications COBOL au cours des dix prochaines années et au-delà. Ces chiffres traduisent une profonde disparité entre ce qui est enseigné et les compétences requises par les entreprises.

Plus spécifiquement sur la France, une étude similaire menée également par Micro Focus note que l’enseignement du Cobol reste le parent pauvre des études informatiques Post-Bac : à peine 2,3% des établissements français d’enseignement supérieur l’ont inscrit à leurs programmes, contre 75% qui enseignent le Java et 70% le C++, suivis par le PhP (32% des établissements) et le C# (27% des établissements).

Pour contrer cet état de fait, les partisans du mainframe ont tissé des partenariats avec des organismes de formation, des établissements universitaires et d’autres acteurs afin de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de développeurs. Mais il faudrait aussi que les entreprises, les enseignants et les étudiants en informatique unissent leurs forces.

Cas intéressant, une société qui avait entrepris de former une partie de son équipe de développeurs aux fondamentaux de la programmation mainframe, a découvert que les outils actuels permettaient d’acquérir ces compétences de base, notamment concernant le COBOL, en quelques heures seulement, ce qui a balayé d’un coup le sentiment de pénurie de personnel qualifié.

En fait, le mainframe souffre avant tout d'un problème d’image, pas de performance ou d’évolutivité !

Enfin, l’image du mainframe dans l’industrie demeure négative. Pourquoi ? Parce que ce n’est que lorsqu’une panne survient qu’on entend parler du mainframe. Le reste du temps, il se fait oublier et avec lui toute la valeur qu'il apporte à l'entreprise. Or ces systèmes supportent encore un grand nombre d’applications stratégiques et remplissent leur rôle tranquillement, sans faire parler d’eux. La plupart du temps, on n'y accorde que très peu d’attention. En fait, cette absence de communication sur la valeur durable du mainframe crée un vide dans lequel peuvent s’amplifier les jugements négatifs.

 

Cette situation doit changer. Il est essentiel de poursuivre les investissements dans l’univers du mainframe en faveur de l’innovation, à l’heure ou les principaux fournisseurs cherchent à attirer l’attention sur leurs systèmes et à en améliorer la perception. A ce titre, IBM a investi des milliards en R&D sur son zEnterprise pour offrir un environnement mainframe  affichant un rapport prix/performance très honorable et garantissant un niveau de flexibilité impensable il y a à peine dix ans. Par exemple, le nouveau système IBM zEC12 peut exécuter plus de 78 000 MIPS, soit une capacité totale de traitement supérieure de moitié à celle de son prédécesseur[1].

 

 

Le mainframe assure la bonne marche de l’entreprise et offre un fondement solide pour les innovations de demain. Tandis que les fournisseurs délivrent aux entreprises la plate-forme technologique dont elles ont besoin (Eclipse, zEnterprise), la survie du mainframe passe impérativement par la formation d’une nouvelle génération de professionnels compétents qui n’ont pas peur de louer les avantages des grands systèmes. Tous les ingrédients sont réunis ; reste à la communauté mainframe à faire entendre sa voix sur la valeur de ces systèmes légendaires et toujours d’actualité pour les entreprises.

 

Henrik Jacobsen, Technical Services Manager de Micro Focus en France

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